Entre Nasbinals et Saint-Côme-d’Olt, au coeur de l’Aubrac

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Sur le chemin de Compostelle en Aveyron, 3 kms environ avant le village de Saint-Côme-d’Olt, Muriel régale depuis 20 ans marcheurs et pèlerins avec ses délicieux petits plats et ses « farçous » servis, avec le sourire, dans son jardin. Merci, Muriel!

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Soulignées en rouge, mes étapes sur le haut plateau de l’Aubrac: Nasbinals – Aubrac – Saint-Chély-d’Aubrac – Saint-Côme-d’Olt. Le plateau, magnifique, est partout irrigué de cours d’eau (on les appelle ici les « boraldes ») qui se jettent dans le Lot.

Malgré le temps couvert et le vent, mordant, glacial parfois, quatre jours de randonnées exceptionnelles entre Nasbinals et Saint-Côme-d’Olt, au cœur du haut plateau de l’Aubrac !

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Au départ de Nasbinals, le lundi 22 avril, une famille entame sur le GR65 l’une des nombreuses petites montées qui mènent…

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au plateau de l’Aubrac…

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Quelle merveilleuse façon de célébrer le Jour de la Terre! Température? Un ou deux degrés. Et il y a, sur le plateau, un vent à décorner les boeufs!! Superbe aventure. Je suis au 7è ciel. Je pourrais refaire ce chemin dix, vingt fois!

22 avril 2024

Le lundi 22 avril, sur le GR65, 8 kms environ avant l’arrivée à Saint-Chély-d’Aubrac. La croix, à l’arrière plan, marquait autrefois pour les pèlerins « le bout de l’Enfer« , la fin de la dangereuse traversée de l’Aubrac où sévissaient loups, brigands et gredins.

Il y a six ans, lorsque j’avais découvert la région, je m’étais promis de revenir dans l’Aubrac – à une condition. Avoir le temps d’explorer et de savourer ce lieu remarquable où marcheurs et pèlerins passent souvent trop vite, les yeux rivés sur les kilomètres et les étapes à parcourir.

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Arrivée sur le GR65 à Saint-Chély-d’Aubrac, en Aveyron, le 22 avril

J’ai donc pris le temps cette fois-ci de me poser à Saint-Chély-d’Aubrac pendant trois jours. Logé en chambre d’hôtes dans une bâtisse rénovée du 15è siècle, j’ai pu sillonner en toute tranquillité les merveilleux sentiers qui bordent le village.

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D’un petit chemin rural, aperçu du village de Saint-Chély-d’Aubrac le mardi 23 avril. Le village (comme celui d’Aubrac, un peu plus haut sur le plateau) avait jadis pour vocation l’accueil et la protection des pèlerins.

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Le bourg compte aujourd’hui environ 300 habitants…

Comme le montre la photo ci-dessus, à partir de 9h30 ou 10h le matin, la majorité des pèlerins a quitté St-Chély et a repris la route, le GR65, vers Saint-Côme d’Olt (16kms) ou vers Espalion (24 kms). Le village est pratiquement désert.

C’est le moment idéal, dans une boulangerie, dans un café, pour aborder les riverains, les anciens, et les écouter partager l’histoire de leur région.

Au milieu du 19è siècle, les hommes et les femmes de l’Aubrac quittent massivement leur terre « qui n’arrive plus à les nourrir ». Ils montent à Paris. Et exercent dans la capitale les métiers les plus pénibles: chaudronniers, charbonniers, frotteurs de parquet, porteurs d’eau. On les appelle, avec les Auvergnats,  les « bougnats ». Les femmes préparent les repas dans des cafés-charbons où le mari livre le charbon et la femme sert les clients.

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Bougnat et son sac de charbon, à Paris, en 1930.

Peu à peu ces cafés-charbons se transforment en bars-tabac, puis en restaurants. La réussite, sociale, financière, est souvent au rendez-vous. Un siècle plus tard, les descendants des « bougnats » possèdent la majorité des grands cafés parisiens dont La Brasserie Lipp, le Café de Flore, les Deux magots, le restaurant Maxim’s. (Source: Vivre à Paris, janvier 2022)

Aujourd’hui, grâce au chemin de Compostelle, au tourisme, au travail, à la détermination des habitants, les villages de l’Aubrac, autrefois abandonnés, délaissés, revivent, prospèrent.

À moins de réserver plusieurs mois à l’avance, il est souvent difficile, entre avril et octobre, de trouver une place dans un gîte ou une chambre d’hôtes de la région.

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Coupe de fromage Laguiole dans une boutique de Saint-Chély-d’Aubrac, le mardi 23 avril. Le Laguiole est un fromage typique de l’Aubrac, produit dans la ville du même nom. Voir la carte plus haut. Le village de Laguiole est aussi mondialement connu pour ses couteaux pliants.

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Un chemin forestier à quelques centaines de mètres de Saint-Chély, conduit doucement…

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… à l’une des maisons typiques de la région, le mardi 23 avril. Une autre journée splendide dans l’Aubrac!

Après plusieurs courtes randonnées aux alentours de Saint-Chély d’Aubrac, j’ai repris le jeudi 25 avril le chemin jusqu’à Saint-Côme-d’Olt.

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On peut aussi emprunter à Saint-Chély-d’Aubrac, en plus du GR6 ou du GR65, de nombreux sentiers ruraux et d’anciennes voies romaines…

Malgré le mauvais temps, vacances scolaires obligent (zones A et B), il y a beaucoup de randonneurs sur le GR65 ce matin-là. Des Français bien sûr, mais aussi des Suisses, des Allemands, des Coréens, plusieurs Québécois, très populaires sur le chemin.

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Début de journée pluvieuse entre Saint-Chély-d’Aubrac et Saint-Côme-d’Olt, le jeudi 25 avril

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Heureusement, très vite…

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un soleil timide fait son apparition… Le temps plus sec permet même à certains…

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… de pique-niquer au bord d’une boralde, ci-dessus près du hameau de La Rozière…

Après quatre heures de marche, nous rejoignons…

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… le magnifique village de Saint-Côme-d’Olt. La commune, où vivent environ 1500 habitants, est reconnue comme l’un des plus beaux villages de France.

Après une bonne nuit de sommeil au Couvent de Malet (la photo ci-dessus a été prise jeudi après-midi, de ma chambre, au couvent dont j’ai déjà parlé ici), j’ai repris vendredi, comme prévu, la navette de la Malle postale…

Conques 26 avril 2024

… où j’ai retrouvé lors d’une courte halte, à Conques, quelques-uns de mes éphémères compagnons de route qui terminent à Conques cette année leur aventure sur le GR65. Bonne continuation sur le chemin, l’an prochain, Sylvie, Stéphanie, Célia! Cela a été un grand privilège de vous rencontrer!

Me voilà maintenant à Figeac, samedi 27 avril, jour de marché au village…

Malgré le temps, toujours maussade, les clients se pressent devant les étals, près du Lycée Champollion où le marché a été temporairement relocalisé, à cause des travaux en cours, place Carnot.

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Le marché du samedi

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à Figeac

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le 27 avril

J’ai eu le temps de déjeuner à Figeac à « La Petite Graine », un restaurant associatif et solidaire, géré en grande partie par des bénévoles.

Grâce à la contribution des clients, le restaurant vient en aide à la population démunie et marginalisée de Figeac en leur offrant des repas de qualité, à un prix modique.

Une belle initiative. Et un excellent repas, partagé dans un cadre convivial et chaleureux.

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Le restaurant « La Petite Graine », rue Emile Zola, dans la vieille ville de Figeac. Une bonne adresse.

Après avoir parcouru environ 45 kilomètres dans l’Aubrac, j’ai maintenant terminé, tel que prévu, ma préparation. Aucun pépin à signaler.

Deux grandes randonnées m’attendent maintenant: La Voie du Célé (environ 109 kms) et la Voie de Rocamadour (environ 120 kms), deux variantes du GR65, entre Figeac et Cahors.

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En bleu, le tracé de « la Voie du Célé«  » le sentier de Grande Randonnée, le GR651, qui court de Figeac à Cahors. Une carte plus détaillée accompagnera le prochain article…

Au programme demain, dimanche: 19 kilomètres entre Figeac et Corn (le village de Corn est situé en amont de Marcilhac-sur-Célé.

J’ai bien hâte de commencer! Et je suis très reconnaissant de pouvoir tenter cette nouvelle aventure!

Je vous laisse en partageant une pancarte et une affiche, pleines de vérité, aperçues cette semaine le long du chemin…

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Sur une clôture, à l’entrée du village de Saint-Côme-d’Olt, le jeudi 25 avril.

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Rue des Maquisards, à Figeac, le samedi 27 avril

Aventures en Occitanie (Lozère, Aveyron, Lot)

Bonjour du Puy-en-Velay, en Haute-Loire!

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Le samedi, c’est jour de marché, aux alentours de la place du Plot, dans la vieille ville…

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… du Puy-en-Velay où je suis arrivé jeudi après-midi…

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… en train (TGV + TER), directement de l’aéroport CDG … après un merveilleux séjour…

13 avril 2024 Chez Alix

… en famille avec Diana, à Montréal, où nous avons retrouvé avec bonheur mon frère, ma sœur, mes nièces, leurs conjoints… et une  rimbambelle d’a-d-o-r-a-b-l-e-s petits-enfants dont le plus jeune, né il y a cinq mois, le jour de mon anniversaire, porte en partie… mon prénom! Je suis aux anges, honoré, comblé.

Nous avons profité au maximum de notre court séjour à Montréal!

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Diana (sur la gauche, casque rouge) en grande discussion, le lundi 15 avril, avec deux étudiants inscrits en 1ère année à McGill. Quel plaisir de retrouver, en vélo et sous le soleil, le campus de l’université où j’ai étudié pendant 5 ans. Nous sommes ensuite allés découvrir, à dix minutes de marche, au centre-ville, un formidable nouvel espace culinaire et culturel où nous avons dégusté de merveilleux plats…

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Griot de porc, riz aux pois, banane pesée et accra, restaurant Paul Toussaint, Time Out Market, 705 Rue Sainte-Catherine, Montréal.

14 avril 2024 chez Marie-Hélèneplus

Cela a été un immense bonheur de retrouver la famille à Montréal! Ci-dessus, chez ma soeur, le 14 avril.

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Scènes de marché, Le-Puy-en-Velay…

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le samedi 20 avril

Me revoilà, pour la troisième fois, au Puy-en-Velay, à l’aube d’une nouvelle aventure qui m’emmènera vagabonder pendant trois semaines le long de sentiers féeriques en Occitanie.

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Les trois départements (encerclés en orange) où je randonnerai entre le 22 avril et le 12 mai. La ville du Puy-en-Velay est située juste au nord-est, en Haute-Loire, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Voir cartes détaillées ci-dessous.

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La carte de mon itinéraire en Occitanie. #1 – Du Puy-en-Velay, une navette me conduira à Nasbinals (Lozère), point de départ de 4 jours de marche dans le plateau de l’Aubrac. #2 – Après l’Aubrac, direction Figeac (Lot) où je débuterai mon parcours le long de la rivière Célé jusqu’à Cahors (tracé rouge sur la carte). #3 – Retour (en train) enfin jusqu’à Figeac pour conclure la boucle (tracé vert) – la voie de Rocamadour – jusqu’à Cahors.

Pourquoi ces randonnées et pourquoi ce retour au Puy-en-Velay? Une ville où je suis passé deux fois déjà, en 2018 et en 2022.

La réponse est toute simple. Je viens terminer ici un projet inachevé.

À la fin de mon périple sur le chemin de Compostelle en juillet 2022, je devais immédiatement reprendre le train vers Figeac afin de parcourir deux des variantes mythiques du GR65: la voie du Célé et la voie de Rocamadour.

Mais après deux jours de repos à Saint-Jean-Pied-de-Port, fin juillet 2022, je me suis vite rendu compte que j’allais devoir remettre mon projet. Après avoir cheminé sous la canicule plus de 325 kms entre Conques et Cahors  puis entre Nogaro et les Pyrénées, j’étais tout simplement vidé, fatigué, incapable d‘envisager deux longues randonnées supplémentaires.

À la mi-juillet, en 2022, le thermomètre était monté jusqu’à 40 degrés sur le chemin (25 kms) entre Nogaro et Barcelonne-du-Gers. J’avais eu l’impression ce jour-là, le 16 juillet, et toute la semaine, de marcher dans un four. Une expérience que je n’oublierai jamais.

Les habitudes sur le GR65 avaient été complètement bouleversées lors de la canicule. Les propriétaires des chambres d’hôtes, des gîtes, avaient dû rapidement ajuster leurs horaires. Le petit-déjeuner était servi à l’aube. Dès 6 ou 7 heures, randonneurs, pèlerins étaient en route. Et nous terminions nos étapes en nage, exténués, vers midi ou 13h, au lieu de l’heure d’arrivée habituelle: 15h ou 16h.

16 juillet 2022

Arrivée sous une chaleur écrasante à Barcelonne-du-Gers, le 16 juillet 2022.

Me revoilà donc de retour dans la région, au printemps cette fois, déterminé à réaliser ce projet inachevé il y a deux ans.

Avant d’entamer le Célé (109 kms) puis la voie de Rocamadour (120 kms environ), j’avais cependant besoin d’une période de rodage, de « mise en jambes », quelques jours de marche afin de mieux me préparer avant d’arriver à Figeac.

J’ai tout naturellement choisi l’Aubrac, pour sa proximité avec le département du Lot, mais c’est aussi et surtout une région que je rêve de retrouver depuis mes premiers pas sur le chemin de Compostelle en 2018!

Pour les marcheurs, ce tronçon du GR65 – à mi-chemin entre Le-Puy-en-Velay et Conques – est tout simplement divin!

Voilà donc mon itinéraire dans ces régions du centre et du sud-ouest de la France que je ne me lasse pas d’explorer!

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Traversée du plateau de l’Aubrac, entre Nasbinals et…

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… Saint-Chély-d’Aubrac, en mai 2018

Partie A = Le-Puy-en-Velay et le plateau de l’Aubrac

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Mes quatre jours de randonnée dans l’Aubrac me mèneront de Nasbinals à Saint-Chély d’Aubrac où je m’arrêterai et explorerai les sentiers autour du village. 15 petits kms de marche ensuite jusqu’à Saint-Côme d’Olt où je serai hébergé au couvent de Malet. Une partie de ce tronçon du GR65 est inscrite au patrimoine de l’Unesco.

18 – 21 avril = Le Puy-en-Velay (Haute-Loire)

21 avril = Navette Le Puy-en Velay – Nasbinals (Lozère)

22 avril = Nasbinals – Saint-Chély-d’Aubrac (Aveyron) = 16 kms

23 avril et 24 avril = Randonnées autour de Saint-Chély-d’Aubrac

25 avril = Saint-Chély-d’Aubrac – Saint-Côme-d’Olt (Le Couvent de Malet) = 15 kms

26 avril = Navette La Malle Postale: Saint-Côme-d’Olt – Conques (déjeuner) – Figeac (Lot)

27 avril = Figeac (grand marché du samedi)

4 mai 2018 Aubrac

Rencontre avec « Baladin », portant vaillamment les bagages d’un duo de randonneurs, dans l’Aubrac, en mai 2018

B = La Voie du Célé (environ 109 kms, sur le GR 651)

28 avril = Figeac – Corn = 19 kms

29 avril = Corn – Marcilhac-sur-Célé = 24 kms

30 avril = Marcilhac-sur-Célé – Cabrerets = 18 kms

1er mai = Repos à Cabrerets

2 mai = Cabrerets – Bouziès – Saint-Cirq-Lapopie = 11 kms

3 mai = Saint-Cirq-Lapopie – Bouziès – Pasturat = 17 kms

4 mai = Pasturat – Cahors = 20 kms

5 mai = Cahors – Retour à Figeac (SNCF)

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Vue d’ensemble de la région avec le tracé (en vert) de la voie du Célé et (en bleu + pointillé vers Cahors) de la voie de Rocamadour. En longeant le Célé, je ferai un léger détour/une halte à Saint-Cirq-Lapopie, le village où vécu autrefois, l’été, André Breton.

C = La Voie de Rocamadour (environ 120 kms, sur le GR 6 et le GR 46)

6 mai = Figeac – Lacapelle-Marival = 22 kms

7 mai = Lacapelle-Marival – Saint-Chignes = 21 kms

8 mai = Saint-Chignes – Rocamadour = 16 kms

9 mai = Repos à Rocamadour

10 mai = Rocamadour – Labastide-Murat = 27 kms (selon ma condition, exceptionnellement, pour cette très longue étape, je prendrai peut-être la navette de la Malle Postale). Très peu d’options d’hébergement entre Rocamadour et Labastide-Murat.

11 mai = Labastide-Murat – Vers = 23 kms

12 mai = Vers – Cahors = 16 kms

13 mai = Cahors – Paris (train)

D = Paris, 13-20 mai

Au programme à Paris: retrouvailles avec un ancien camarade de classe perdu de vue depuis notre scolarité turbulente au Collège Stanislas de Montréal au milieu des années 70. J’irai aussi refaire un tour à Melun (Seine-et-Marne) où j’ai vécu, en pension puis en famille, dans les années 60. Retour à Vancouver le 20 mai.

Bon printemps à tous!

Notes de lecture:

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Amin Maalouf

On a beaucoup parlé d’Amin Maalouf l’automne dernier lorsqu’il a été élu à Paris (à 28 voix contre 8 à son concurrent, Jean-Christophe Rufin) secrétaire perpétuel de l’Académie française. Une éclatante victoire. Je me suis alors aperçu que je n’avais encore rien lu de cet écrivain, né à Beyrouth et arrivé en France en 1976, peu après le début de la guerre au Liban.

J’ai donc essayé, au Maroc puis à Vancouver, de rattraper mon retard en lisant trois ouvrages absolument remarquables. Deux romans et un essai qui m’ont profondément remué, bouleversé. Et qui m’ont permis de découvrir un grand écrivain, un historien, érudit, plein de talent. Un écrivain de génie.

 i. Les Échelles du Levant – (1996)

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L’histoire fascinante d’une famille fortunée vivant, au début du siècle dernier, au « Levant », la région bordant la côte méditerranéenne de l’Asie (Syrie, Liban, Turquie). À la tête de la famille, un homme cultivé, raffiné, fantasque, qui a, pour son fils aîné, Ossyane, les plus hautes ambitions. Ce dernier, cependant, n’a qu’une envie: s’affranchir au plus vite de l’emprise de son père. Ossyane part donc, en juillet 1937, étudier la médecine à Montpellier. Sa vie bascule deux ans plus tard. La 2è guerre mondiale éclate. Ossyane entre, en France, dans la Résistance. Où il se distingue, se fait un nom. Il rencontre Clara, résistante elle aussi, de confession juive. Ils se marient. Ont une fille. Après la guerre, Ossyane rentre au pays, au Liban, où s’est installé son père. Il est accueilli en héros. Commence alors pour Ossyane, malheureusement, un long et inexorable déclin. Une descente aux enfers. Arrivera-t-il à s’en sortir? Des fastes de l’Orient, aux drames de la guerre, aux moeurs surannées d’un autre temps, le roman nous entraîne dans une aventure extraordinaire où se mêlent le destin tragique d’un homme et l’histoire de toute une région. Un récit palpitant, déchirant, dont on ressort ébloui.

 ii. Les désorientés – (2016)

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Un roman splendide (520 pages) qui explore deux thèmes complexes et délicats: l’amitié et l’exil. Un groupe d’anciens amis, inséparables pendant leur jeunesse universitaire au Liban, se retrouve à Beyrouth après s’être perdus de vue pendant vingt ans. Ils sont réunis à l’occasion de la mort d’un de leurs camarades, Mourad. Ces anciens amis ont, pour la plupart, quitté le Liban pendant la guerre civile. Leur vie s’est construite ailleurs: à Paris, à Sao Paulo, à Amman, dans l’Indiana. Certains, par contre, sont restés au pays. Ont fait front. Ont combattu les milices. Ou sont entrés dans les ordres. Trajectoires diamétralement opposées. Après vingt ans, éparpillés aux quatre coins du monde, que reste-t-il de leurs convictions? De leurs idées de jeunesse? De leur idéalisme? Devant leurs camarades, ils doivent expliquer, justifier leurs choix. Un ouvrage admirable. Sur l’amitié qui, au fil des ans, des circonstances, évolue, fluctue, jusqu’à devenir, parfois, un lointain souvenir.

iii. – Le naufrage des civilisations – (2019)

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Un essai magistral qui résume dans un premier temps les événements qui ont profondément secoué et transformé le Moyen-Orient entre 1948 et la guerre des « Six Jours » en 1967. Événements bien souvent oubliés aujourd’hui mais qui éclairent, expliquent la poudrière qu’est devenue la région depuis. Qui se souvient par exemple de l’assassinat, en 1948, du premier ministre égyptien suivi, en 1949, du meurtre du fondateur de la confrérie des Frères musulmans? Qui se rappelle du « grand incendie » du Caire qui met fin à la présence militaire britannique en Égypte et entraîne l’avènement de Nasser et du « panarabisme »? Se souvient-on que l’Irak était, à la même époque, une monarchie, dirigée par le roi Fayçal II, assassiné en 1958? Se rappelle-t-on enfin qu’entre 1958 et 1961, l’Egype et la Syrie (et brièvement le Yémen) formaient un seul et même état: la République arabe unie? Tous ces événements conjugués, écrit Amin Maalouf, et d’autres, comme l’échec du panarabisme qui visait à unifier les peuples arabes qu’ils soient Sunnites, Chiites, Juifs ou Chrétiens, « finiront par avoir des retombées dans le monde entier, du Sahara aux montagnes d’Afghanistan jusqu’aux tours jumelles new-yorkaises détruites par un commando ayant à sa tête un militant islamiste égyptien. »

Une remarquable leçon d’histoire qui se termine, dans un deuxième temps, par un double constat. Dans un monde hyper médiatisé, saturé de réseaux dits « sociaux », A. Maalouf constate « l’engourdissement » collectif de notre esprit critique. Et, plus inquiétant encore, il observe le manque de solidarité de nos sociétés contemporaines où chacun agite son drapeau, revendique son identité, sa différence, au détriment du bien et de projets communs. « Il y a aujourd’hui », conclut A. Maalouf, « de plus en plus de facteurs qui fragmentent et de moins en moins en moins de facteurs qui cimentent ». Précieuses réflexions, parmi tant d’autres.

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Carte à l’extérieur d’un restaurant, dans la vieille ville du Puy-en-Velay, le samedi 20 avril.

Je vous laisse avec un aperçu de quelques-uns des plats savourés pendant mon (trop court) séjour au Puy-en-Velay.

feuilleté de saumon fumé.

Déjeuner, vendredi 19 avril, feuilleté de saumon fumé, suivi…

escalope de volaille (dinde), sauce bordelaise, accompagnée de purées de carottes, de brocoli et de riz.

… d’une escalope de dinde, accompagnée d’une sauce bordelaise au vin rouge, de riz, de purées de carottes et de brocoli.

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Déjeuner, samedi 20 avril, truite de mer et coulis de tomates, puis…

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… crépinette de lentilles du Puy au petit salé (morceaux de porc salés). Restaurant « Le Bilboquet », 52 Faubourg Saint-Jean, Le-Puy-en-Velay.

Zagora, Amezrou & Tamegroute

Nous voilà installés depuis quelques jours « chez nous », au bord de l’océan, à Essaouira, après une semaine splendide de voyage dans le sud du Maroc.

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Beaucoup de chemin parcouru depuis notre départ de la palmeraie de Skoura, le 25 novembre. Ci-dessous…

… une carte plus détaillée de la région du sud du Maroc où nous avons séjourné fin novembre. Nous étions basés à Zagora, dernière grande ville avant les dunes du Sahara et la frontière algérienne située à environ 40 km de M’Hamid

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Aperçus de la rue principale de Zagora…

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… le boulevard Mohammed V, la grande artère…

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… qui traverse la ville et mène, ci-dessus, au sud, vers Amezrou, Tamegroute et M’Hamid. À l’arrière-plan, l’édifice de la préfecture de la province de Zagora.

Exemple d’une des ruelles (marchandes et résidentielles) typiques du centre-ville de Zagora

Après quatre heures de route depuis Skoura et une petite semaine devant nous avant le retour vers Marrakech, nous avons décidé de rayonner sagement autour de Zagora, et explorer la région, sans toutefois aller trop loin.

Nous avons préféré comme d’habitude privilégier notre proximité avec les gens, et les écouter, plutôt que parcourir chaque jour de longues distances sur les routes rectilignes et arides du grand sud…

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Jeunes dromadaires en semi liberté entre Zagora et Tamegroute, le mercredi 29 novembre

Nous avons fait, je crois, le bon choix.

Nous avons ici beaucoup vu, entendu, goûté, appris!

C’est dans la région de Zagora (précisément à Sijilmâssa, ville située un peu plus au nord, aujourd’hui en ruines) qu’arrivaient et partaient autrefois les caravanes qui assuraient le commerce transsaharien entre les pays du Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

Un commerce qui a duré plusieurs siècles.

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Réplique du panneau emblématique qui accueillait jadis les voyageurs à Zagora. Le panneau est reproduit et visible un peu partout dans la ville.

Au départ de Tombouctou, direction nord, ces grandes caravanes transportaient de l’or, des étoffes de coton, des épices, du sel et surtout, malheureusement, des esclaves – esclaves requis, par centaines, par un monde musulman et des cités méditerranéennes en pleine expansion entre le Moyen-Âge et la Renaissance.

Du nord vers le sud, ces caravanes repartaient avec des chevaux, des dattes, des barres de cuivre, du verre, des perles, de la maroquinerie, des bracelets, des ustensiles en cuivre.

Ce négoce Nord-Sud a joué un rôle central dans la diffusion de l’islam en Afrique subsaharienne.

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Villes et routes du commerce transsaharien à la fin du XVème siècle. De part et d’autre des flèches vertes, deux des plus importantes cités marchandes de ce commerce longtemps florissant: au sud, Tombouctou (aujourd’hui au Mali) et, au nord, Sijilmâssa, située à proximité de Zagora. Entre les deux, les mines de sel de Taghazza (dans l’actuelle Mauritanie).

Cela a été passionnant d’entendre à Zagora le détail de ces voyages dans le Sahara, voyages qui duraient plusieurs semaines. Les caravanes se déplaçaient le soir, la nuit et au petit matin afin d’éviter les 50 degrés de chaleur dans la journée. Elles avaient pour seuls repères, la nuit, les étoiles « que les nomades connaissent comme on lit un livre » nous a-t-on expliqué.

Autre technique d’orientation: l’odorat, très développé chez les caravaniers. Ils pouvaient, en quelques secondes, humer une poignée de sable et confirmer, simplement à l’odeur, au toucher, la direction à prendre.

J’ai trouvé ces récits absolument fascinants! Apprend-on encore aujourd’hui ce genre de choses aux enfants?

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Tajine Makfoul, un plat de poulet (ou de dinde) accompagné d’olives, de tomates, d’oignons et de coriandre, servi brûlant. Une spécialité du sud marocain et un régal!

Entre deux conversations, nous avons aussi eu l’occasion d’observer à Zagora, le jeudi 30 novembre, l’une des nombreuses démonstrations organisées dans tout le pays par les enseignants marocains fermement opposés au nouveau statut que veut leur imposer le gouvernement.

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Moha, la trentaine, enseignant de physique et chimie dans une école secondaire de la région de Zagora, présent à la manifestation du 30 novembre…

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… tenue, paisiblement, devant la préfecture de la province. Suite à leurs pressions et aux grèves, les enseignants ont eu gain de cause. Leur salaire sera bientôt majoré et leur nouveau statut, envisagé par le gouvernement, révisé. Un retour à la normale est en cours dans les écoles publiques.

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Aperçu du grand souk qui se tient à Zagora tous les dimanches et les mercredis. À noter: la grande majorité des clients…

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dans les souks sont des hommes…

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Les femmes, à moins d’être veuves ou divorcées, sont rarement présentes…

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Omelette berbère (oeufs, oignons, ail, coriandre, poivrons), un plat traditionnel, servi avec des olives et du pain, dans le sud du Maroc.

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Abdelhafi, chef cuisinier, la trentaine, père de deux enfants, a préparé avec talent plusieurs de nos repas à Zagora. Merci infiniment Abdelhafi!

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Vue partielle du jardin de notre hôtel, un havre de paix…

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… aux abords du centre-ville.

Nous avons aussi eu le temps de faire deux excursions pendant notre semaine à Zagora.

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En route vers Amezrou, le mardi 28 novembre

La première nous a conduit, en petit taxi, dans le village fortifié (« ksar« ) d’Amezrou (aussi orthographié Amzrou), situé à 4 km, le long de la vallée du Drâa, au sud de Zagora.

Le village abritait jadis une importante communauté juive et on peut encore, avec un guide, visiter la synagogue, en partie restaurée.

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Amzrou est réputé pour son artisanat, en particulier pour ses bijoux en argent, travaillés à la main et exposés dans la coopérative du village où on restaure également de magnifiques portes anciennes, en bois, sculptées, incrustées d’ivoire. Ouvrages de grande qualité.

En nous promenant dans les petites rues d’Amezrou, nous avons pu prendre toute la mesure de l’atmosphère très particulière qui règne dans le village.

Le temps est ici comme suspendu. Les traditions perdurent. Il y a partout dans le bourg des forgerons, des joailliers, des peintres, des menuisiers qui travaillent consciencieusement dans leurs ateliers. Une très belle communauté d’artisans.

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Dans la lumière feutrée de la mi-journée, deux hommes devisent tranquillement…

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… sur un trottoir, dans le village d’Amezrou, le mardi 28 novembre…

Après notre visite d’Amezrou, la tête pleine d’images et d’informations, nous regagnons – à pied – notre hébergement à Zagora.

Une heure de marche sous un soleil éclatant.

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Rencontres inattendues sur le chemin entre Amezrou…

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… et Zagora, le mardi 28 novembre

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Le lit de la rivière Drâa, sur la droite, complètement à sec, lui aussi, tout comme l’oued de la palmeraie de Skoura, quelques jours plus tôt. Le changement climatique fait des ravages dans le sud du Maroc…

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et la vallée du Drâa, ci-dessus, autrefois verdoyante, a terriblement soif. Quand donc arrivera la pluie?

taxi

Dernière excursion, en grand taxi cette fois, jusqu’au village de Tamegroute, situé à environ 20 km au sud de Zagora.

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Les mythiques grands taxis Mercedes d’autrefois, jugés trop vieux et polluants, ont peu à peu été remplacés au Maroc par des voitures (de marque Lodgy) qui peuvent transporter jusqu’à six passagers. Ci-dessus, une station de grand taxi à Zagora.

Après une trentaine de minutes…

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Arrivée au village de Tamegroute…

Tamegroute

le mercredi 29 novembre…

Pourquoi venons-nous jusqu’ici?

Tamegroute est l’un des hauts lieux du savoir du Royaume du Maroc. Le village abrite une bibliothèque fondée au 17è siècle, riche de 4000 ouvrages. Sur les tablettes, des manuscrits rares, anciens, en peau de gazelle, écrits à la plume de roseau. Des ouvrages de théologie, d’histoire, de médecine, d’astronomie, de poésie, de droit coranique, de philosophie, toutes les disciplines sont représentées. Aucune photo n’est autorisée.

Dans la pièce principale, entouré de ces trésors, nous chuchotons et marchons sur la pointe des pieds.

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Rachid est le conservateur de la bibliothèque de Tamegroute.

Quelle incroyable richesse dans ce petit village situé aux portes du désert!

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Nous quittons Tamegroute, inspirés, en début d’après-midi, le mercredi 29 novembre pour…

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… les cafés et l’urbanité (toute relative) de Zagora…

Après une semaine passée dans la province de Zagora, nous repartons, en bus cette fois – via Ouarzazate – pour Marrakech.

Sept heures sur une route vertigineuse qui serpente au milieu de paysages magnifiques, dans le Haut-Atlas!

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Entre Zagora et Marrakech, le vendredi 1er décembre, quelques kilomètres avant de franchir le col du Tizi-N-Tichka (2260 mètres). Une journée inoubliable de voyage.

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Village du Haut-Atlas entre Ouarzazate et Marrakech

Nous ne sommes que de passage à Marrakech. Essaouira, sur la côte atlantique, nous appelle!…

Nous en profitons pour découvrir un quartier que nous ne connaissons pas, « Bab Doukkala ». (Bab = porte en arabe.)

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Clients achetant leur pain à Bab Doukkala, secteur situé à Marrakech entre la nouvelle ville, Guéliz

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… et la médina…

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… le samedi 2 décembre…

café marrakech

Comme d’habitude, les terrasses des cafés de Marrakech (ci-dessus près de la médina) sont pleins de monde…

Nous quittons « la ville ocre » après deux jours, comme prévu, pour Essaouira, sur la côte atlantique. Un trajet d’environ deux heures trente, en voiture, sans histoires.

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Aperçu de la longue plage d’Essaouira où il fait un temps splendide depuis notre arrivée, le lundi 4 décembre. À l’arrière-plan, l’île de Mogador, devenue aujourd’hui une réserve naturelle, protégée, d’oiseaux marins…

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… au nord de la plage, sur la droite, les bâtiments blancs de la médina, l’ancienne ville, où nous avons loué un riad, une habitation traditionnelle. Diana aura sa cuisine.

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Notre riad (ci-dessus, tôt le matin) est doté d’une haute terrasse qui surplombe l’océan…

Nous allons vivre ici, simplement, au soleil, pendant un mois.

Objectif: profiter de la douceur de vivre au Maroc.

En faisant, régulièrement, quelques excursions à l’extérieur d’Essaouira…

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La plage du petit village berbère de Sidi Kaouki, situé…

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… à une vingtaine de kilomètres au sud d’Essaouira. Pas de surfeurs ce matin-là. Seuls quelques dromadaires déambulent sur la plage…

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… Sidi Kaouki, où…

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… dans une charmante auberge…

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… un peu à l’écart du village…

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… nous avons dégusté, sur la terrasse, servi par Larbi, 73 ans…

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… l’un des meilleurs tajines aux légumes de notre séjour au Maroc! Un régal!

Nous retrouvons, le lendemain, au petit matin…

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… la promenade du bord de mer d’Essaouira…

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… puis l’agitation et l’effervescence du port de pêche, l’un des plus importants au Maroc. On pêche ici les sardines, le merlan, la sole, la daurade…

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Longtemps surnommé « le port de Tombouctou« , le port d’Essaouira était autrefois un point de rencontre et de commerce avec les caravanes, venant du sud…

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… on échangeait ici de l’or, des épices, des esclaves…

Essaouira a longtemps été, au 16è-17è siècles, occupée par les Portugais…

Ils ont laissé derrière eux, près du port, des remparts, quelques canons…

essaouira remparts

Vue partielle des remparts qui surplombent l’océan

Nous continuons, après le port, vers le tohu-bohu de la médina…

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Ci-dessus, « Bab Doukkala », l’une des portes principales…

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de l’ancienne ville…

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où le commerce et les échanges débutent dès le lever du jour…

… la médina d’Essaouira, classée depuis 2001 au patrimoine mondial de l’UNESCO, où l’on croise, en quelques pas…

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bouchers…

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marchands de pain…

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troubadours venus d’un autre temps…

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poissonniers, découpant (ci-dessus) d’énormes quartiers de thon…

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ou désossant, pour les clients, des sardines toutes fraîches…

La médina d’Essaouira, une vraie ruche, où travaillent et cohabitent, paisiblement…

Hakim tissus

des tailleurs et marchands de tissus, comme Hakim, ci-dessus…

Es6decAbdellah, 56 ans, travaille depuis plus de 30 ans, le bois dans sa boutique

… des « tourneurs » de thuya, comme Abdellah qui travaille, avec le sourire, le bois, dans son petit atelier, depuis plus de trente ans… Bonne continuation et merci Abdellah!

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Carte des plats de poissons offerts dans les petits restaurants du port d’Essaouira, à la mi-décembre. 20 dirhams = CAN$ 2.70 ou 1.80 euros.

Restaurant Layoune, Essaouira, le 19 décembre 2023 (jour du décès de Pat Leong)

Tajine au poulet, Essaouira, décembre 2024

Nous avons dû, malheureusement, pour des raisons familiales, abréger notre séjour au Maroc, quitter Essaouira à la hâte, et revenir au Canada…

Joyeuses Fêtes à tous, malgré tout!

Prenez bien soin de vous!

Soyez en paix.

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Où est le ballon?…. Regardez, tout en haut…

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Dromadaires au repos sur la plage d’Essaouira. À l’horizon, l’île de Mogador.

La palmeraie de Skoura

Semaine pleine d’enseignements passée dans la région de Skoura!

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Au pied de la chaîne de montagnes du Haut-Atlas, un homme se promène dans la palmeraie de Skoura, le mardi 21 novembre, en matinée. Il n’a pas plu dans cette région du sud du Maroc depuis le mois de février…

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La petite ville de Skoura, au centre de la carte, située à cinq heures de route environ au sud de Marrakech et à 40 kilomètres au nord-est de Ouarzazate. Nous passons une semaine à explorer la région autour de Skoura avant de poursuivre notre route vers Zagora, au sud.

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Un des carrefours du centre de Skoura et, ci-dessous…

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La rue principale du centre-ville, vers midi, le mardi 21 novembre.

30 000 habitants environ vivent paisiblement à Skoura.

Berbères – la première communauté à s’établir dans la région – et Arabes font ici bon ménage, depuis bien longtemps.

La ville est tranquille, sans histoires. Une petite population juive vivait aussi ici autrefois.

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Un grand souk a lieu dans la ville tous les lundis. On y trouve de tout, fruits, légumes, matériel de construction, tissus, quincaillerie…. Certains marchands viennent d’Agadir vendre leurs produits.

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Un marché d’animaux se tient également en annexe au souk du lundi. Les pourparlers et marchandages autour des chèvres, des brebis et des boucs ont lieu dans une atmosphère calme et feutrée…

Quelques remarques, avant d’aller plus loin.

Le voyage a le grand mérite de clarifier le regard qu’on porte sur sa propre communauté.

En arrivant dans le sud du Maroc, en provenance d’une grande métropole, plusieurs détails, fondamentaux, sautent aux yeux lorsqu’on se promène et qu’on découvre une petite ville comme Skoura.

Il n’y a pas ici de sans-abris, ni de banque alimentaire. Selon le principe de la « Zakât » (la charité, l’un des piliers de l’islam), tout le monde au village mange à sa faim. Malgré la pauvreté de la majorité des habitants. La solidarité est exemplaire.

Les congélateurs étant rares, les gens consomment au jour le jour uniquement ce dont ils ont besoin. Pas plus.

Le grand souk, le lundi, tient lieu de grande surface. Le supermarché le plus proche est à Ouarzazate, à 40 kilomètres.

Les femmes marocaines que nous avons rencontrées dans la communauté et à qui nous avons parlé nous ont confié qu’elles circulaient sans crainte dans la ville et dans la palmeraie, même le soir. Les agressions sont rares. Et lorsqu’elles surviennent, très sévèrement sanctionnées.

La plupart des nombreux jeunes que nous avons croisés ne possèdent pas de téléphone portable. Et n’ont pas trop l’air d’en souffrir. Ils se parlent. Rient. Jouent ensemble.

Rares sont les adultes qui possèdent un téléphone dit « intelligent ».

On se salue plutôt ici, fraternellement, dans la rue: « Salam » (bonjour), « Marhba » (bienvenue), « Choukran » (merci), « Bsslama » (au revoir). Gestes de politesse essentiels, répétés plusieurs fois par jour, qui font du bien à tout le monde, aux plus jeunes comme aux plus vieux.

Ces quelques facteurs conjugués contribuent (selon moi) à nourrir le climat social très apaisé dans lequel nous avons vécu ici pendant toute la semaine.

18 novembre 2023 Ouarzazate

Diana, après notre déjeuner, le samedi 18 novembre, à Ouarzazate, entre Marrakech et Skoura, en compagnie de notre chauffeur (et excellent guide!)

Revenons maintenant à Skoura…

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Habitation typique de la région de Skoura. Ces maisons sont construites en « pisé« , un mélange d’argile et de paille, préparé de façon traditionnelle. Le « pisé » est ensuite posé sur une structure de briques ou de bois. La technique du pisé date de plusieurs siècles.

La population du bourg est répartie dans deux secteurs bien distincts. D’un côté, Skoura-ville (ou Skoura centre) où sont regroupés les principaux commerces.

De l’autre côté, la palmeraie de Skoura, immense, 50 km², l’une des rares palmeraies du Maroc encore habitée et cultivée…

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Une petite route de 2 kilomètres relie le centre de Skoura à la palmeraie…

Le contraste entre le centre-ville de Skoura et la palmeraie est saisissant!

C’est dans la palmeraie que vit la majorité de la population.

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Au sud de la palmeraie, une femme accompagnée de deux enfants…

23 novembre 2023, palmeraie de Skoura, sud du Maroc.

converse, avec les mains et les yeux, avec Diana, le jeudi 23 novembre. Les écoles publiques sont toujours en grève cette semaine au Maroc (comme au Québec!) et les enfants, malheureusement, souvent laissés à eux-mêmes ou sous la garde de leurs grands-parents…

Et c’est dans la palmeraie bien sûr que nous avons passé le plus clair de notre temps!

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Un groupe de jeunes travailleurs profite d’un bref moment de repos lors de la fabrication de briques, briques qu’on aperçoit, à l’arrière-plan, séchant au soleil.

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Dans la palmeraie aussi les maisons sont construites en « pisé ». Certaines structures, comme celle ci-dessous

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sont beaucoup plus élaborées! Ces bâtiments, construits en pisé il y a plus d’un siècle, ont pour la plupart résisté au tremblement de terre du 8 septembre…

Nous avons été hébergés ici pendant une semaine dans une résidence somptueuse (et abordable) gérée par la même famille depuis bientôt vingt ans…

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Notre pied-à-terre…

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… au coeur de la palmeraie de Skoura

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… avec Kader, ci-dessus, enfant du pays, devant un délicieux tajine et de l’huile d’olives produite sur le domaine. Sur les olives, SVP voir plus bas.

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Le massif du Haut-Atlas à l’horizon, vu de la terrasse de notre hébergement

Résidence où nous avons été dorlotés, chouchoutés, presque comme des membres de la famille!

Mais nous n’avons pas chômé pendant notre séjour!

Car nous sommes arrivés à Skoura en pleine de saison de récolte!

Partout, dans la palmeraie, en octobre et novembre, les habitants se relaient au pied des palmiers et des oliviers afin de récolter et de commercialiser dattes et olives – deux denrées dont dépend l’économie de la région.

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Nous avons appris qu’il existe deux types de palmiers. Les palmiers mâles et les palmiers femelles. Les mâles produisent le pollen…

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tandis que les palmiers femelles donnent les dattes…  qui se balancent à Skoura, en grappes, au soleil, au milieu des chemins de terre de la palmeraie

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Mohammed, 74 ans, au pied d’un palmier, après la collecte, le dimanche 19 novembre

La récolte des olives, elle, est beaucoup plus délicate et chronophage…

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Hommes et femmes se pressent dès le petit matin dans les oliveraies de la palmeraie. Diana, sur la droite, participe également à la cueillette des olives…

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qu’on récolte ici dans de grandes bâches posées au sol.

Dans le domaine où nous logeons, on s’affaire également. La résidence compte plus de 250 oliviers.

Et on ne badine pas avec la récolte qui s’annonce.

Le mardi 21 novembre au matin, nous nous portons volontaires pour participer à une grande opération!

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#1 – Transporter les bacs d’olives, cueillies dans la propriété…

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#2 – Et les charger sur un des camions de la résidence.

À bord du camion, nous nous dirigeons vers l’un des pressoirs de Skoura où les olives sont tour à tour…

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#3 – pesées soigneusement

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#4 – puis acheminées sur un treillis afin d’être…

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#5 – nettoyées, lavées puis broyées…

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#6 – avant que le précieux liquide soit recueilli dans des bidons…

361 kilos d’olives ont donné ce jour-là environ 45 litres d’huile d’olives.

« La production totale d’huile d’olives a été réduite de moitié par rapport à l’an dernier« , nous a-t-on précisé. En cause: la sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois dans le sud du Maroc.

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Diana, dans palmeraie, jeudi matin

Longue balade en vélo dans la palmeraie le jeudi 23 novembre

Nous allons ce jour-là visiter l’un des monuments les plus connus du Maroc: la Kasbah Amridil, située à la pointe sud de la palmeraie.

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La Kasbah Amridil, ci-dessus, est une véritable institution au pays. La Kasbah figurait autrefois sur les billets de 50 dirhams marocains. Malgré quelques fissures, la structure, en pisé, a résisté au séisme du 8 septembre.

Construite à la fin du 17è siècle, la Kasbah (maison fortifiée) Amridil a d’abord été une école coranique puis un centre administratif et enfin un tribunal. Sa fonction principale a longtemps été l’enseignement et la promotion dans la communauté des 5 piliers de l’islam:

  • la Shahada (la foi)
  • la Zakât (l’aumône, la charité envers le prochain) ;
  • le pèlerinage à La Mecque (si on le peut)
  • le jeûne (du mois de Ramadan) ;
  • la prière (qui doit être faite cinq fois par jour)

Nous avons vraiment beaucoup appris pendant notre visite!

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De profondes fissures sont visibles sur la façade d’une maison dans la palmeraie de Skoura

Deux derniers mots:

J’aimerais comme plusieurs autres saluer la réponse exemplaire du gouvernement marocain suite au violent séisme du 8 septembre. Très vite, partout au pays, les secours se sont organisés afin de venir en aide aux régions touchées. Couvertures, nourriture, médicaments, vêtements, tentes, la population entière s’est mobilisée afin d’acheminer des vivres aux villageois piégés, meurtris et isolés dans les montagnes du Haut-Atlas, au sud-ouest de Marrakech. Le sauvetage des enfants a été prioritaire. Bravo au Maroc!

La région de Skoura n’a malheureusement pas été épargnée. Plusieurs bâtisses ici se sont effondrées…

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Une des nombreuses tentes érigées dans la palmeraie de Skoura afin d’abriter les familles touchées par le séisme

Enfin… Notre séjour à Skoura aurait été bien différent si nous n’avions pas eu à nos côtés, toute la semaine, un couple chaleureux, exceptionnel, visionnaire…

Catherine

20 nov 2023 2 Catherine (Sawadi)

Catherine, avec le sourire, comme d’habitude, marchandant joyeusement lundi, au milieu du souk, l’achat de deux poulets pour la basse-cour de notre résidence. Je suis reparti du souk avec les deux poulets sous le bras, empaquetés dans une boîte en carton. Prix par poulet: 7 dirhams (environ 7 euros ou Can$9.50)

et Philippe

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Rentrée à la résidence à la tombée du jour, le lundi 20 novembre, après une longue marche et une conversation à bâtons rompus avec Philippe, fervent partisan d’un monde responsable, équitable et écologique. Sur la photo ci-dessus, nous sommes à quelques dizaines de mètres du lit de « l’oued » (la rivière) qui longeait autrefois la palmeraie. « Il y a dix ans, en hiver, il était parfois difficile ici de franchir la rivière tant le courant était fort et le débit élevé » m’a confié Philippe. L’oued est cette année, malheureusement, complètement sec. Le changement climatique frappe aujourd’hui de plein fouet le Maroc.

À tous les deux, un immense merci!

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Diana a beaucoup apprécié apprendre pendant son séjour de nouvelles recettes et techniques de cuisine marocaine. Ci-dessus, un plat de légumes du jardin accompagné de « keftas » et de pâtes à l’huile d’olives et pasata.

Tout va bien dans le sud du Maroc.

Nous reprenons la route ce samedi, plein sud, vers Zagora.

24nov

Au revoir, Skoura!…

Marrakech

Dans le contexte, très particulier, du puissant tremblement de terre qui a frappé le pays, le 8 septembre, grande émotion de retrouver cette semaine, sous le soleil, le Maroc!

Soulagement aussi.

15 novembre 2023 Marrakech.JPGintro

Le lendemain de notre arrivée à Marrakech, Diana (encore en décalage horaire) devant le minaret de la mosquée Koutoubia, l’un des monuments emblématiques de la ville. Le minaret, construit au 12è siècle, a malheureusement été endommagé lors du séisme du 8 septembre, il est aujourd’hui fragilisé.

Malgré les messages échangés avec nos hôtes et les informations diffusées depuis le séisme, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre en débarquant à Marrakech.

Dans quel état allions-nous retrouver la ville et ses habitants?

Dans quelle atmosphère et dans quelles conditions serions-nous reçus?

Nous avons, heureusement, vite été rassurés.

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À quelques pas de l’entrée de la médina de Marrakech, le jour de notre arrivée, le mardi 14 novembre.

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Fatima et Rachida servent le matin avec le sourire…

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le petit déjeuner sur la terrasse de notre petit hôtel de famille, situé au coeur de la médina

Deux mois après le tremblement de terre, la vie a repris à Marrakech et les habitants nous ont offert, toute la semaine, une belle leçon de résilience!

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Scènes typiques de la médina de Marrakech, rue Bani Marine…

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le jeudi 16 novembre

Tout le monde, ou presque, semble-t-il, travaille dans la véritable ruche qu’est devenue la médina. Tout le monde met la main à la pâte afin de relever la ville, remettre la communauté sur pied, préparer l’avenir.

Personne ne se plaint. Tous les Marocains que nous avons rencontrés marchent, fiers, la tête haute.

Ils veulent « vivre de leur commerce« , nous disent-ils. Ne dépendre que de leur labeur. Ils veulent donner l’exemple.

Nous avons été impressionnés, par leur courage, leur détermination. Quelle belle leçon!

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Un petit marché, non loin du « Mellah », l’ancien quartier juif de la ville et, historiquement, l’un des plus pauvres, situé au sud de la médina. SVP voir la carte ci-dessous.

Cependant, malgré l’affluence dans les souks et les boutiques de la médina, la ville est calme. Soucieuse. En convalescence.

Après la tragédie du 8 septembre, Marrakech panse encore ses plaies, ses cicatrices.

Chacun se souvient et partage, à voix basse, le récit de ce qu’il ou elle a vécu cette nuit-là, autour de 23h10, lorsque la terre a tremblé.

La cité, on le voit dans le regard de certains habitants, est toujours sous le choc du séisme et se remet, lentement.

Marrakech est dans l’attente, appréhensive, craintive qu’une nouvelle réplique vienne encore frapper – beaucoup plus fort cette fois.

Plusieurs bâtisses ici, situées notamment dans le pourtour du « Mellah », au sud de la médina, ont été touchées et se sont effondrées.

Quarante-huit personnes ont perdu leur vie à Marrakech, la nuit du 8 septembre.

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La carte de la médina de Marrakech, le coeur historique de la ville. Au centre, la place Jemaa-el-Fna. Au sud, souligné en noir, le « Mellah », l’ancien quartier juif. À l’extérieur de la médina, à l’ouest, Guéliz, « la nouvelle ville », le quartier moderne, plus aisé.

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Ruelle du « Mellah », le jeudi 16 novembre, l’un des quartiers les plus touchés par le tremblement de terre. On aperçoit sur la droite, les gravats d’un immeuble qui s’est écroulé.

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Dans le secteur sud de la médina, la rue Riad Zitoun El Jdid, lune des ruelles principales menant au Mellah…

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L’avenue Houman el Fetouaki qui longe la médina, le jeudi 16 novembre

Il y a ces jours-ci, pour la majorité des parents au Maroc, un autre sujet d’inquiétude: la grogne des enseignants, dans le secteur public, de nouveau en grève.

Les écoles ont été fermées trois jours cette semaine. Une énième grève depuis un an. Motif? Les professeurs contestent le nouveau statut que veut leur imposer le gouvernement.

Activités parascolaires, recrutement, évaluation, rémunération des enseignants, formation continue, les sujets de discorde ne manquent pas entre les deux parties. Le ministère et les syndicats se renvoient la balle depuis plusieurs mois. Entre temps, les élèves inscrits dans le public, sont laissés à eux-mêmes. Et les parents, désemparés.

À noter, la grève des enseignants ne touche pas le secteur privé…

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Symbole d’une société à deux vitesses? Des écoliers, inscrits dans une institution privée, en excursion dans un parc de Marrakech, accompagnés de parents et d’enseignants, le mercredi 15 novembre

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Tajine aux légumes, rue Bani Marine, Marrakech (médina), le mardi 14 novembre

Le soleil, lui, est bien au rendez-vous à Marrakech!

Trente degrés à notre arrivée, mardi, et chaque jour, à l’heure du déjeuner, le thermomètre grimpe un peu plus, 31 degrés mercredi, 32 jeudi! Pour notre plus grand bonheur et celui des « Marrakchis » qui se pressent, nombreux, dans les espaces verts et aux terrasses des cafés…

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Aperçu d’une des terrasses légendaires de la médina de Marrakech, La Brasserie du Glacier, le jeudi 16 novembre. Les visiteurs du monde entier sont de retour à Marrakech! En fait, depuis le 8 septembre, ils n’ont jamais vraiment quitté la ville…

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Demain samedi, direction Ouarzazate puis Skoura…

Nous partons demain pour notre deuxième halte, la palmeraie de Skoura, située à cinq heures trente de route environ, au sud-est de Marrakech.

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Une route de montagne relie Marrakech aux villages du Haut Atlas. La route file ensuite, direction sud-est, vers Ouarzazate et Zagora, une des portes d’entrée du désert du Sahara. La palmeraie de Skoura est située à environ 40 km au nord de Ouarzazate.

Une fois n’est pas coutume, nous avons décidé, vu les circonstances, de louer une voiture avec chauffeur pour nous emmener à Skoura. Départ prévu à 10h.

Tout va bien.

Nous sommes vraiment heureux d’avoir retrouvé le Maroc!

On vous embrasse!

Soutien au Maroc

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Juillet 1988, premier voyage au Maroc. Après des haltes à Tanger, Asilah, Fès et dans le village de montagne de Azrou (au sud de Fès), je poursuis ma route vers Marrakech et Agadir. SVP voir les cartes ci-dessous.

Été 1988 El Jadida Maroc

Quelques semaines plus tard, en août 1988, sur les remparts de l’ancienne cité fortifiée de El Jadida, sur la côte atlantique.

Comment exprimer notre solidarité envers le peuple marocain – et lui venir en aide – après le tragique tremblement de terre qui a secoué, le 8 septembre, le centre du pays ?

C’est la question que nous nous sommes posée à Vancouver dès la diffusion des premières images du séisme, survenu dans une région, au sud-ouest de Marrakech, que nous connaissons et où nous avions l’intention de retourner cet automne.

Depuis plusieurs mois déjà, nous étions en mode planification pour un nouveau voyage au Maroc – un quatrième séjour au « Royaume » pour moi, un second pour Diana.

Une longue histoire d’amour avec un pays accueillant, chaleureux, où je me suis souvent senti presque comme chez moi.

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Aux abords de la Place Jemaa el-Fna, à Marrakech, en décembre 2007. Photo: Diana

Après mes années d’études à Montréal (McGill) et à Vancouver (UBC), le Maroc (avec l’Espagne et le Portugal) a été l’une de mes toutes premières destinations de voyage lorsque j’ai enfin rejoint, comme enseignant, le marché du travail.

J’avais finalement quelques sous en poche, un emploi stable, utile, passionnant – et de quoi voyager, l’été.

Je me rappellerai toujours mon arrivée, en juillet 1988, dans la médina de Tanger, émerveillé, après avoir traversé la Méditerranée, en bateau, depuis Algeciras. (Les traversiers en provenance de l’Espagne arrivaient à ce moment-là directement au port de Tanger, situé juste en-dessous de la médina, la vieille ville).

Les ruelles de la médina étaient pleines de monde, les cafés, bondés, un chameau égaré se promenait près des boutiques du « Petit Socco », personne n’y prêtait attention, il y avait partout un brouhaha indescriptible, une clameur venant des souks. Un vendeur d’eau fraîche, lourdement vêtu de laine rouge, serviette et gobelets d’argent à la main, un chapeau de paille sur la tête, zigzaguait devant moi, en haranguant la foule, à la recherche de clients…

J’ai posé mon sac à l’extérieur d’un café. Ai pris une table. Très vite, avec un grand sourire, on m’a servi du thé à la menthe, brûlant.  Autour de moi, des rires, des palabres. Je passais complètement inaperçu.

Je n’ai jamais oublié ce spectacle ni ces premières heures à Tanger! J’étais fasciné. L’Europe, que je venais à peine de quitter, était si loin!

C’est à ce moment-là, je crois, lors de ces premiers pas au Maroc, que j’ai attrapé une maladie, devenue, depuis, incurable: le virus du voyage.

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Soulignées en bleu, les principales étapes de mon voyage au Maroc, en 1988. En vert, le parcours (avec Diana) d’un second séjour, en 2007. En rouge, quelques-unes des haltes d’un troisième périple, de Tanger à Tétouan à Chefchaouen dans les montagnes du Rif, en 2012, pour marquer le début de ma retraite.

Début septembre donc, tout était prêt pour ce quatrième voyage. Nos hébergements, réservés. Nos billets d’avion, confirmés. Départ pour Marrakech le 13 novembre, retour le 10 janvier. Un séjour de deux mois. Notre itinéraire devait cette fois nous emmener jusqu’aux portes du Sahara.

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Soulignées en bleu, les étapes du parcours prévu cet automne/hiver. Après Marrakech, cap sud-est, via Ouarzazate, vers la palmeraie de Skoura avant de rejoindre, fin novembre, Zagora. Retour ensuite sur la côte atlantique pour un longue halte (un mois) dans un riad dans la médina de Essaouira.

Lors de notre précédent séjour, en 2007, nous avions passé plusieurs jours dans la ville et la province de Taroudant, situées juste au sud de l’épicentre du récent tremblement de terre. Nous avions aussi cette année-là (déjà) séjourné à Marrakech puis à Essaouira.

Taroudant

Décembre 2007, premier séjour au Maroc pour Diana, ci-dessus, dans l’atelier d’un sculpteur de pierre, dans un village de montagne, au sud de Taroudant.

De ce voyage, en 2007, nous n’avons gardé que d’excellents souvenirs.

La gentillesse, l’hospitalité marocaine. Les randonnées avec un guide dans les villages reculés du Haut Atlas. Le marché animé de Taroudant.

Nous nous étions presque partout déplacés en « grand taxi », entassés à six dans ces vieilles Mercedes qui parcourent le pays pour trois fois rien, à une vitesse folle, la sono poussée à fond. « Inch Allah, mon frère! », murmuraient les passagers, en se cramponnant aux sièges.

Autre souvenir? La cuisine marocaine. En plus des délicieux tajines, après toutes ces années, Diana a encore sur le bout de la langue le goût sucré des «msemem », les délicates crêpes feuilletées, enrobées de miel, servies le matin avec le café et de la confiture d’abricots.

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Petit-déjeuner sur la terrasse de notre modeste hôtel, à Marrakech, en décembre 2007.

Et voilà que cette région que nous avions tant appréciée était violemment touchée, mutilée. Le dernier bilan du séisme du 8 septembre fait état de 3000 morts, plus de 5000 blessés. 50 000 habitations ont été détruites.

Que devions-nous faire? Que pouvions-nous faire?

Vu l’ampleur du séisme, fallait-il annuler notre voyage?

Quelle était la situation sur le terrain?

Afin d’y voir plus clair, nous avons décidé à la mi-septembre de prendre contact avec chacun des établissements où nous devions loger. Et nous avons rapidement reçu une réponse – presqu’un cri –  la même, partout, unanime.

« Ce n’est pas le moment de laisser tomber le Maroc. Nous avons besoin de vous. Venez! »

Voici deux extraits des missives que nous avons reçues.

Marrakech, le 11 septembre

« Bonjour,

Vu le nombre de messages que je reçois, je suis navré de ne pas répondre à chacun de vous, personnellement, alors j’envoie le même message à vous tous, chers clients.

Merci infiniment pour vos messages d’inquiétude, votre soutien et vos chaleureux sentiments! Je vous rassure que toute notre équipe est saine et sauve ainsi que tous les membres de nos familles! Je vous confirme que votre réservation est maintenue! Au plaisir de vous accueillir très prochainement. »

Très cordialement,

Monsieur Saïd

*******

Skoura, le 18 septembre

Bonjour Max et Diana,

Merci de prendre des nouvelles de l’équipe. Skoura à été touchée par le séisme, mais aucun blessé n’est compté à ce jour. Beaucoup de maisons traditionnelles (construites en pisé) sont abîmées, et certaines familles doivent être relogées.

Nos constructions sont antisismiques. La structure des bâtiments n’a pas été touchée. Malgré tout, nous avons beaucoup d’éléments de décorations cassés, quelques fissures à réparer et le plâtre à refaire. Mais, nous restons ouverts, et nous pouvons vous accueillir en toute sécurité. Votre séjour est confirmé. »

Nicolas

Même son de cloche à Zagora et à Essaouira.

Le message était clair. Les gens avaient besoin de nous. De notre contribution. Ce n’était pas le moment d’annuler.

Comme le précisait dans la presse un résident de Marrakech, quelques semaines après le séisme: « Dès qu’un groupe annule son voyage, ce sont 10 à 20 personnes, guide, muletier, transporteur, artisans, employés, qui n’ont plus de revenus. Comment vont-ils nourrir leurs familles? 

Nous avons donc décidé, dans une démarche humanitaire, solidaire, inattendue, de maintenir notre voyage.

Nous savons que ce séjour de deux mois ne ressemblera pas aux précédents – le nouveau contexte politique au Moyen-Orient, depuis les événements du 7 octobre, venant encore complexifier la situation.

Mais nous partons, confiants.

Nous serons, bien sûr, hyper prudents.

Inch Allah!

DianaMarrakech

Diana, entourée sur la place Jemaa el-Fna à Marrakech, en janvier 2008.

Voici donc le calendrier de notre périple, pour les deux prochains mois.

13 -14 novembre = Vancouver – Francfort – Marrakech

14 – 18 novembre = Marrakech

18 – 25 novembre = Palmeraie de Skoura

25 novembre – 1er décembre = Zagora

1er – 4 décembre = Marrakech

4 décembre – 4 janvier = Essaouira

4 – 9 janvier = Marrakech

9 -10 janvier = Marrakech – Francfort – Vancouver

2 septembre 2023 UBC Buchanan D.JPG1plus

Sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) lors d’une randonnée en vélo en septembre.

8 septembre 2023 VRC Squash Court

Avec l’un de mes partenaires de squash, au « Vancouver Racquets Club » – le court de UBC étant dorénavant fermé. Parties endiablées plusieurs fois par semaine…

Notes de lecture:

Roland Brival, Les fleurs rouges du flamboyant – (Paris, 2018)

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Un roman magnifique, bouleversant. Le retour inattendu au pays natal, en Martinique, d’un écrivain, Simon Darnell, exilé en France depuis 20 ans. Que se cache-t-il derrière ce retour? Que vient donc chercher sur l’île Simon, se demandent les membres de sa famille, oncles, tantes qui n’ont jamais, eux, quitté le pays?

On apprend au fil des pages que l’écrivain est de retour afin de résoudre un douloureux mystère. Connaître – enfin – l’identité de son père. Un lourd secret de famille, bien gardé. Le roman nous plonge, dans un premier temps, dans le passé et la période insouciante de l’enfance, des vacances au bord de la mer. Puis vient l’adolescence. Face au scandale provoqué par la naissance de cet enfant bâtard, le jeune homme doit quitter l’île, sa famille, ses amis, et va rejoindre sa mère, partie plus tôt, dans une banlieue grise et anonyme de Paris. Il découvre là-bas un autre monde. Déterminé, adulte, à percer enfin ce secret de famille, l’écrivain réussit, à Fort-de-France, dans les dernières pages du roman, à retrouver son père. Un roman magistralement écrit, tout comme « Nègre de Personne » (2016) dont j’ai parlé ici dans Notes de lecture. L’un des mes écrivains préférés.

Bernard Pivot, Le métier de lire – (Paris, 2018)

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Un petit livre truffé de souvenirs et d’anecdotes qui nous emmène dans les coulisses de deux émissions littéraires phares de la télévision française: « Apostrophes » (1975-1990) et « Bouillon de culture » (1991-2001), programmes cultes, animés par Bernard Pivot.

Pendant vingt-cinq ans, des centaines d’écrivains français et étrangers ont répondu, souvent avec verve et panache, aux questions fécondes de Bernard Pivot. Ces entretiens, diffusés généralement le vendredi soir, ont eu un énorme retentissement. Le samedi, les lecteurs, un peu partout en France et dans la francophonie, assaillaient les libraires, réclamant avec impatience les ouvrages dont on avait parlé la veille. La formule est ici renversée. En répondant – par écrit – aux questions de Pierre Nora, Bernard Pivot revient avec malice, intelligence et humour sur les grands et petits moments de ces deux émissions, mythiques, qui ont marqué l’histoire du petit écran et de tout un pays.

Leïla Slimani, Le diable est dans les détails – (Paris, 2017)

lslimSix nouvelles, « six petits bijoux« , d’une écrivaine, née au Maroc, de parents « qui aimaient Voltaire et les Lumières. » Six textes, courts, mordants, écrits « dans l’urgence et la rage », au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, à Paris.

Leïla Slimani pourfend dans ce recueil les ayatollahs et les intégristes de tout poil qui n’hésitent pas, au nom du prophète, à tuer, à détruire, à interdire, à lapider des femmes. J’ai lu ces nouvelles avec l’impression d’avoir une grenade logée au creux de la main, grenade qui peut exploser à tout moment. Forte et intense expérience de lecture. Un authentique appel à la mobilisation, à l’engagement citoyen.

Voici un extrait d’un des textes. « Moi, née musulmane, Marocaine et Française, je vous le dis (…) Paris est ma patrie depuis le jour où je m’y suis installée. C’est là que je suis devenue une femme libre, là que j’ai aimé, que j’ai été ivre, que j’ai connu la joie, que j’ai eu accès à l’art, à la musique, à la beauté (…) Paris est tout ce que vous haïssez. Un mélange sensuel et délicieux de langues, de peaux et de religions. Paris où l’on s’embrasse à pleine bouche sur les bancs (…) Cette nuit, nos théâtres, nos musées, nos bibliothèques sont fermées. Mais demain ils ouvriront à nouveau et c’est nous, enfants de la patrie, mécréants, infidèles, simples flâneurs, adorateurs d’idoles, buveurs de bière, libertins, humanistes, qui écriront l’histoire. » Merci, Leïla Slimani. À noter, l’avant-propos du recueil, lumineux, rédigé par Éric Fottorino.

21 octobre 2023 2

Grand bonheur de revoir ma soeur, Marie-Hélène, venue de Montréal nous rendre visite à Vancouver, il y a quelques jours. Ci-dessus, au parc Sunnyside, dans le quartier Kensington-Cedar Cottage.

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Restaurant végétarien Po Kong, Kingsway, Vancouver, octobre 2023.

Une heure à Vancouver avec Dany Laferrière

À peine rentré, le 31 mai, de la Polynésie française, une immense surprise m’attend à la maison!

Radio-Canada me demande de participer à une grande entrevue (radio) avec Dany Laferrière, de passage à Vancouver.

L’écrivain et académicien, né en Haïti, doit recevoir, le mercredi 7 juin, un doctorat honorifique de l’Université Simon Fraser (SFU).

J’accepte l’invitation, bien sûr! Après un mois aux îles Australes, quelle meilleure façon de retrouver Vancouver et, en même temps, l’accent, la verve, la poésie d’Haïti?

L’entrevue est programmée pour le jeudi 8 juin, à 14h, dans les studios de CBUF-FM, l’antenne de Radio-Canada en Colombie-Britannique. Radio où j’ai eu le bonheur de travailler autrefois, peu de temps après mon arrivée sur la côte ouest.

L’entretien doit être diffusé deux jours plus tard, le samedi 10 juin, dans le cadre de l’émission hebdomadaire Culture et Confiture, en ondes tous les samedis dans les quatre provinces de l’ouest canadien – Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie-Britannique – ainsi qu’au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.

L’entrevue devrait durer une heure environ. Une heure, c’est long à la radio! Et je n’ai que quelques jours pour me préparer!

Je file en vélo à la bibliothèque de UBC et reviens les bras chargés de livres. Une relecture, annotée, des ouvrages de Dany Laferrière s’impose.

On m’apprend que nous serons trois, dans le studio, autour de l’écrivain: Mireille Langlois, animatrice de l’émission, mon ami, Marc Fournier, réalisateur associé à Radio-Canada et moi.

J’ai déjà eu la chance de rencontrer, au printemps 1992, Dany Laferrière. (Voir ici le récit de mes premières années à Vancouver).

CBUF-FM 2 saison 1991-1992

Printemps 1992, derrière le micro de CBUF-FM à Vancouver, après une première entrevue avec Dany Laferrière, accompagné déjà, de Marc Fournier, libraire à ce moment-là. L’écrivain, pas encore « Immortel », vient de publier « L’Odeur du café » (1991) et « Le Goût des jeunes Filles » (1992). Suivra, en 1993, « Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit? »

Trente-et-un ans plus tard, le 8 juin, en compagnie de Marc, je retrouve, ému, devant l’édifice de Radio-Canada à Vancouver, au 700 rue Hamilton, Dany Laferrière, fringant, décontracté, en pleine forme.

Il a reçu, la veille, devant un parterre d’étudiants respectueux, un doctorat honoris causa de SFU. SVP voir ici.

Quelques minutes plus tard, dans un des studios qui jouxte l’immense salle de nouvelles de la SRC, l’écrivain s’installe. Je suis nerveux. Je n’ai pas « fait de micro » depuis plus de trente ans…

La conversation commence. Elle durera près d’une heure… SVP cliquez sur le lien ci-dessous.

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/culture-et-confiture/segments/entrevue/446440/dany-laferriere-sfu-vancouver-max-adrien-litterature

8 juin 2023 plus

Le jeudi 8 juin 2023 à CBUF-FM/ Vancouver, « pastiche » de la photo prise en 1992. Seconde entrevue avec Dany Laferrière. Nous sommes trois cette fois, avec Marc (en blanc) et l’animatrice de Culture et Confiture, Mireille Langlois (qui a pris la photo), à conduire la conversation.

8 juin 2023 intro

Dany Laferrière dans les studios de CBUF-FM à Vancouver, le jeudi 8 juin, juste après l’entrevue. La conversation, avec l’animatrice Mireille Langlois, tourne à ce moment-là autour de l’écrivain italien, Italo Calvino. A l’arrière-plan, Marc prépare son équipement. Nous partons, tous les quatre, quelques minutes plus tard…

8 juin 2023

faire une promenade dans les rues de la ville…

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afin de recueillir, sur Vancouver, les impressions de l’écrivain…

Cela a été un immense honneur de rencontrer une deuxième fois Dany Laferrière!

Que de chemin parcouru en trente-et-un an!

Merci infiniment, Dany, d’avoir partagé avec nous ton humour, ton érudition, ton amour de la littérature et, surtout, ta prodigieuse intelligence!

*******

J’ajoute ici le discours très émouvant prononcé par Dany Laferrière, le 7 juin 2023, à l’Université Simon Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique, lors de la cérémonie de remise de son doctorat honoris causa. Note: le discours commence à la 44è minute.

Tubuai & Rurutu

Une jeune femme explore la plage « Tavana », située à deux pas de notre pension, sur l’île de Tubuai, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française, le dimanche 14 mai. Le climat aux Australes est plus frais que dans les autres archipels. La température oscille, en mai, entre 21 et 26 degrés.

Un peu plus loin, le dimanche 21 mai, promenade à « la Baie Sanglante« , un lieu mythique à Tubuai. C’est dans cette baie qu’ont eu lieu, en mai 1789, les premiers combats entre les insulaires et les mutins du HMS Bounty. Malgré tous leurs efforts (et la construction d’un fort) les révoltés du Bounty n’arriveront jamais à s’implanter à Tubuai. Ils devront quitter l’île (pour Tahiti puis Pitcairn) en septembre 1789. Photo – Freddy.

Chaude ambiance le vendredi 20 mai dans la cuisine de notre pension, à Tubuai. Tout le monde met la main à la pâte. Au menu du souper ce soir-là: carpaccio de thon, salade de chou et vermicelles chinois. Autour de Diana, rayonnante, Poe, Imelda et Nadine (en bleu) entourée de ses nièces, étudiantes au collège de Tubuai.

Montés par d’intrépides cavaliers lors des grandes courses des fêtes du « Heiva », en juillet, des chevaux gambadent près du village de Anua, à l’ouest de l’île…

… sous le regard attentif de Teddy, pêcheur et agriculteur, installé à Tubuai depuis toujours. Teddy cultive ce matin-là, près des chevaux, son champ de pandanus, un arbuste dont les feuilles sont utilisées…

… dans la vannerie et la chapellerie, sources importantes de revenus pour les habitants des Australes. Ci-dessus, chapeaux et paniers, typiques de l’archipel, entièrement faits à la main, exposés dans une boutique de Tubuai

Promenade familiale au village de Avera, à l’ouest de l’île de Rurutu, le lundi 22 mai.

Nous avons vécu une splendide aventure pendant ces quatre semaines passées dans les îles Australes!

La visite de ce quatrième archipel a confirmé ce que nous avions ressenti lors de notre premier voyage aux Îles de la Société, aux Tuamotu, aux Marquises.

L’accueil, partout sur le territoire, est prodigieux.

Les sourires, généreux, éclatants.

Les gens ici, souvent, rient, et vous aiment, avec les yeux.

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Diana en compagnie de Maimiti et d’Imelda à notre pension à Tubuai, le samedi 20 mai

Quelques repères, pour les férus d’histoire.

L’archipel des Australes – composé de sept îles dont cinq sont habitées – portait autrefois le nom de « Îles Tubuai », Tubuai étant la plus grande île de l’archipel.

Tubuai est aujourd’hui la capitale administrative et économique des Australes.

7000 habitants environ vivent dans l’archipel. 

Après notre séjour à Raivavae, nous avons fait halte dans les Australes à Tubuai puis à Rurutu. Les deux autres îles habitées de l’archipel sont Rimatara et la petite île de Rapa, à l’est – que je rêve de visiter!! Rapa est la « petite soeur » de Rapa Nui, le nom polynésien de l’île de Pâques, située beaucoup plus à l’est.

James Cook est le premier navigateur européen à « découvrir » Rurutu, en 1769 lors de son voyage initial dans le Pacifique. Il sera aussi le premier à mentionner Tubuai huit ans plus tard, en 1777, lors de son troisième (et dernier) voyage.

Tubai passe sous protectorat français en 1842, Rurutu en 1889.

Les deux îles seront ensuite annexées par la France, en 1880 pour Tubuai, en 1900 pour Rurutu. Les autorités françaises craignant de perdre les îles Australes aux mains des Anglais – omniprésents à l’époque dans la région via les missionnaires (protestants) de la London Missionary Society.

Environ 2000 habitants répartis dans de petits villages posés sur le littoral vivent à Tubuai. L’île est entourée d’un immense lagon, l’un des plus vastes en Polynésie française. Notre pension est située à Mataura, le bourg principal, où on retrouve la poste, la mairie, une banque, un petit magasin et quelques « roulottes » de restauration rapide. Une route goudronnée de 26 kms…

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… fait le tour de l’île. Ci-dessus, sur la côte ouest de Tubuai, près du village de Anua, le lundi 15 mai. Le lagon, immense, est à l’arrière-plan.

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Aperçu de la route de ceinture de Tubuai. L’île est belle, paisible, montagneuse à l’intérieur des terres. En plus de la vannerie, les habitants de Tubuai vivent (comme à Raivavae) de la pêche, de l’agriculture et du tourisme qui se développe peu à peu.

La plupart des habitants possèdent un terrain patrimonial, partagé et entretenu par les membres d’une même famille. Ce qui provoque parfois des tensions. La terre est fertile à Tubai. Dans les jardins, on cultive carottes, pastèques, pommes de terre, et du « taro », un légume racine. Ci-dessus, Diana en compagnie de Freddy, dans la propriété qu’il partage avec son oncle…

Freddy, musicien, aux mille talents, homme à tout faire, responsable avec son épouse, Nadine, de gérer notre pension. Ils ont tous les deux gardé sur nous un oeil bienveillant pendant notre séjour à Tubuai. Merci Freddy et Nadine!

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Lors d’une de nos promenades à Tubuai, nous avons rencontré la tante de Freddy, Mins, qui cueille un matin, au bord de la route, des feuilles servant à améliorer la circulation sanguine. Mins en a besoin pour un…

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… membre de sa famille. « J’ai appris à reconnaître ces plantes médicinales traditionnelles dans un grand livre écrit en français et tahitien, hérité de ma grand-mère », nous confie-t-elle en remplissant son sac.

Vu la durée de notre séjour à Tubuai (10 jours), nous avons vraiment eu le temps ici d’écouter les Polynésiens. Longuement et attentivement. Aussi bien les riverains que les Tahitiens de passage. Puisque notre pension a eu la bonne idée d’accueillir en même temps que nous plusieurs petits groupes de techniciens venus accomplir sur l’île des missions de 3, 4 ou 5 jours.

La plupart de ces professionnels étaient Tahitiens. Nous étions toute ouïe.

Nous avons ainsi partagé nos repas avec une équipe de Météo France-Tahiti venue réparer du matériel sur le terrain de l’aéroport.

Des électriciens de Papeete ont également séjourné à la pension afin de vérifier la bonne marche des circuits de divers bâtiments de l’île – dont ceux du RSMA, un organisme que je connaissais pas.

Le RMSA en Polynésie française a comme mission principale l’insertion dans la vie active des jeunes adultes de 18 à 25 ans. Différentes formations y sont offertes: électricien, soudeur, plombier, aide à la restauration, à la petite enfance, agent administratif, etc… Formations essentielles dans ces petites îles où les structures d’apprentissage sont rares. Le RMSA est financé par le ministère des Outre-Mer.

Devant l’antenne du RMSA à Tubuai

Un groupe de plongeurs a aussi été des nôtres. Responsable de superviser la délicate pose du cable de fibre optique qui doit bientôt relier Tahiti aux îles Australes. Un service très attendu ici. Le débit du réseau internet étant, dans les îles de l’archipel, extrêmement lent. Difficile à Tubuai ou à Rurutu de télécharger un document ou même une photo.

Tout ce beau monde se réunissait deux fois par jour autour de la table de la salle à manger.

Souper à notre pension à Tubuai, le mercredi 17 mai.

Au cours des repas, les sujets de discussion, les opinions, les questions, ne manquaient pas. Nous avons beaucoup appris.

Deux choses m’ont frappé au cours de ces conversations. La première, c’est l’attachement viscéral qu’avaient ces hommes et ces femmes pour leur territoire. Leur façon de vivre en Polynésie, leurs traditions, leur culture, ils parlaient de tout cela avec ferveur et passion.

Pas question pour eux de quitter le pays, « le fenua ». Malgré leurs compétences et les difficultés de la vie quotidienne à Tahiti, aller travailler à Paris, Nantes ou Bordeaux, n’est pas une option.

Deuxième surprise, en dépit des divergences politiques, il y avait chaque soir autour de la table un vrai consensus autour du nouveau gouvernement, indépendantiste, élu le 30 avril.  Gouvernement à qui « il faut donner le temps de faire ses preuves » entendait-on.

Aucune animosité, pour l’instant, envers le nouveau président, Moetai Brotherson, largement respecté, issu du parti Tavini Huiraatira

Moetai Brotherson, 53 ans, sera aussi responsable du ministère du tourisme, des transports aériens internationaux, de l’égalité des territoires, des affaires internationales, du développement des archipels, de l’économie numérique et des conséquences des essais nucléaires.

Le troisième volet des échanges a été plus délicat. Chacun a évoqué à sa façon les nombreux défis de la vie quotidienne dans ces îles lointaines – si souvent idéalisées par les étrangers!

L’envers du décor, de la carte postale, est très différent. Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Quatre enjeux, parmi beaucoup autres, ont été évoqués.  

* Dans un territoire où les allocations chômage n’existent pas, 26 % environ de la population en Polynésie française vit sous le seul de pauvreté, 300 euros par mois. (Chiffres de 2021 de Institut de la statistique de la Polynésie Française (ispf.pf))

* Les violences conjugales – liées en grande partie à la consommation abusive d’alcool – sont partout sur le territoire un fléau. 

* Le taux de suicides sur le territoire est inquiétant. Près de 230 tentatives sont recensées par an et environ 30 à 50 personnes mettent fin à leurs jours. Chez les jeunes, c’est souvent la première cause de mortalité, dépassant même, certaines années, les accidents de la route.

* Le taux d’inflation en Polynésie française a atteint 8.5% en 2022. La plupart des ménages ont beaucoup de mal à boucler leur fin de mois.

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Thierry a grandi sur l’île de Rapa et vend le midi dans sa roulotte des sandwiches (« hachis-frites« ) sur le bord de mer de Mataura, à Tubuai. Son rêve? Venir exercer son métier au Canada. Projet difficile. Le Canada n’a aucune antenne officielle en Polynésie française (il faut passer par le consulat australien). Les entrevues avec les candidats retenus pour une immigration potentielle ont lieu à Sydney, Auckland, Honolulu ou Los Angeles! Le coût du voyage est défrayé par les candidats. Sans aucune garantie de succès.

Elvis, dans sa boutique de fruits et légumes située à Tubuai, à l’ouest de « la station » de Mataura.

Conversation amicale avec une jeune femme, accompagnée de son enfant, qui vend des fruits et des légumes devant la maison familiale, sur la route de l’aéroport à Tubuai

Baignade et moment de détente avec deux de nos compagnons de voyage, Serge et Agnès, à Tubuai.

Tubuai messe - mai 2023

Messe de l’Ascension célébrée à la paroisse Saint-Joseph de Tubuai

Après avoir parcouru l’île de long en large, nourri régulièrement les cochons dans le jardin de Freddy, assisté à une messe magnifique, le dimanche 21 mai, après avoir beaucoup ri à la pension et nagé presque tous les jours dans l’eau claire et fraîche du lagon, nous avons quitté Tubuai avec beaucoup de regret.

Nous n’avons pas vu les jours passer et nous aurions pu facilement rester ici beaucoup plus longtemps. Tant la vie est douce, indolente et insouciante à Tubuai! Comme à Raivavae, les touristes sont une denrée rare sur l’île.   

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Aperçu de la plage de la Baie Sanglante, près du village de Mataura, à Tubuai.

Le lundi 22 mai, un vol d’une quarantaine de minutes nous emmène à Rurutu, dernière étape de notre voyage aux Australes. 

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Rencontre avec un groupe de jeunes, à l’extérieur du « snack Sabrina« , au village de Avera, le jour de notre arrivée à Rurutu. Nous avons fait ce jour-là, en scooter, le tour de l’île…

27 mai 2023

… quelques heures seulement après notre descente d’avion! Ci-dessus, devant la mairie de Avera. Direction: la pointe sud de l’île de Rurutu

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où nous nous arrêtons près du village de Narui, au bord d’une magnifique plage de sable blanc!

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La montagneuse île de Rurutu. Environ 2400 habitants vivent ici dans trois villages principaux: Moerai, la localité principale, au nord-est, Avera, sur la côte ouest et Auti sur la côte est. Notre pension (croix bleue sur la carte), est située dans le bourg de Vitaria…

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… au milieu d’une cocoteraie, ci-dessus. On aperçoit, derrière les arbres, de l’autre côté de la route…

… la plage, déserte, où nous nous sommes baignés pratiquement tous les jours.  Des bassins d’eau profonde dans le lagon, près de la pension, permettent de nager facilement. La température de l’eau à Rurutu est beaucoup plus agréable (chaude) qu’à Tubuai et la recherche de coquillages réserve de belles surprises!

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Rencontre avec Pa, le jeudi 25 mai, à Moerai, devant la coopérative agricole de Rurutu. Pa cultive sur ses terres le « taro ». Comme tous les anciens, il parle sur l’île le reo Rurutu, un dialecte similaire au tahitien mais qui se distingue par son vocabulaire et la façon de prononcer certains mots. La lettre « h » par exemple n’est pas utilisée en Rurutu. Le village de Hauti en Tahitien = Auti en Rurutu. Le Rurutu est enseigné ici à l’école primaire.

La production agricole à Rurutu est très importante. L’île (avec Tubuai) est l’un des vergers de la Polynésie française.

En plus du « taro », poussent ici: citrons, papayes, grenades, bananes, noix de coco, mangues, avocats, corossol, potiron, « pota » (choux chinois), « uru » (le fruit de l’arbre à pain), goyaves…

Une grande partie des fruits et légumes vendus dans les marchés de Tahiti provient des Australes.

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Une plantation de choux près du village de Moerai

Rurutu produit aussi un excellent café!

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Nova, originaire des Marquises, a repris il y a quelques mois à la coopérative de Rurutu la commercialisation du café de l’île. Elle arrive difficilement à répondre aux demandes qui affluent d’un peu partout. Nous avons réussi à repartir avec quelques précieux paquets de café, fraîchement torréfié.

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Sur le pourtour de la sinueuse route de ceinture de Rurutu, des structures de pierre rappellent, avant chaque village, un épisode de l’histoire de l’île. Rurutu est surprenante à parcourir en scooter. On longe au départ de magnifiques plages de sable blanc puis, quelques minutes plus loin, la route franchit de petits cols de montagne qui embaument le pin et l’eucalyptus. Une magnifique aventure!

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Une maison nichée au coeur d’une cocoteraie, près du village de Narui, au sud de Rurutu.

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Nelly partage avec Diana des conseils de couture, à Moerai, le mardi 23 mai.

Une autre belle surprise nous attend à Rurutu: l’immense diversité de ses habitants!

25 mai 2023 3 Hani restro Piaareare

Hani, née d’un père coréen et d’une mère tahitienne, travaille dans un restaurant, face au port de Moerai, à Rurutu.

Nous avons rencontré en quelques jours, partout dans les villages, des riverains issus de métissages complexes. Métissages qui reflètent la présence sur l’île, au cours des ans, de navigateurs, aventuriers, commerçants, missionnaires et immigrants venus, des quatre coins du monde, s’établir à Rurutu.

La plupart des habitants ici ont du sang portugais, espagnol, français, chinois, parfois sud-américain.

Nous avons appris que l’argent échangé dans les commerces à Tahiti a été, jusqu’à la fin du 19è siècle, la monnaie chilienne et péruvienne! 

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Thenyou, 71 ans, derrière le comptoir de son magasin à Avera, à Rurutu, où il est né. Son père est arrivé sur l’île à la fin des années 20, en provenance du sud de la Chine, afin de reprendre, à Avera, le magasin tenu déjà, à l’époque, par une famille chinoise!

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Plat de « Chow Mein » servi au restaurant « Les Délices de Rurutu« , le mardi 23 mai. La cuisine chinoise est partout présente en Polynésie.

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Des jeunes filles marchent tranquillement dans une rue de Moreai. J’ai eu parfois l’impression à Rurutu de marcher dans les rues d’une petite ville dans le sud d’Haïti. 

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Maison typique du bourg de Moreai. Pas un papier qui traîne dans la cour. Nous avons remarqué que les Polynésiens, dans chacun des archipels où nous sommes passés, nettoient consciencieusement leurs jardins et l’espace devant leurs maisons.

Nous avons aussi rencontré à Moerai un homme jovial, surprenant, dynamique, encore jeune, Dominique, qui vient de prendre sa retraite… à l’âge de 39 ans!

Après 20 ans de bons et loyaux services (2003-2023) dans l’armée française, Dominique est revenu chez lui, à Rurutu, prendre sa retraite. Pendant son service, Dominique a été déployé en Afghanistan, au Kosovo et au Mali.

Fait peu connu: la Polynésie est (avec la Réunion) l’un des premiers viviers de recrues de l’armée française. Vu le taux élevé de chômage chez les jeunes et le manque de débouchés sur le territoire, des centaines de jeunes polynésiens (hommes et femmes) s’engagent chaque année dans l’armée afin de défendre aux quatre coins du monde le drapeau tricolore. 

Certains s’engagent dans la Légion étrangère 

Avis de recrutement affiché sur les murs de la mairie de Auti, à Rurutu.

Sashimi de thon à la javanaise, servi au restaurant Piareare, en face du port, à Moerai. « Tama’a Maitai »! = Bon appétit!

Après une semaine bien remplie, nous devons déjà quitter Rurutu.

26 mai 2023

Diana participant à un atelier de tressage avec Tuparii à notre pension, à Vitaria.

Nous avons rencontré aux Australes des gens simples, paisibles, généreux, fiers de leurs îles!

Cela a été un vrai bonheur de vivre ici.

28 mai 2023

Une femme et son enfant, devant l’église Saint Jean-François Régis, à Rurutu, le dimanche 28 mai.

Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir pu réaliser ce second voyage en Polynésie française. 

Mais nous repartons quand même avec quelques interrogations.

 * Combien de temps encore ces petites îles isolées, dans les Australes, pourront-elles rester à l’écart des grands circuits touristiques – lorsqu’on apprend que le nouveau gouvernement veut tripler à 600 000 par an le nombre de visiteurs en Polynésie française?

* Après les élections, tenues en avril, comment va évoluer le territoire, politiquement? Quelles seront les premières grandes mesures prises par le parti indépendantiste?

* Quelle marge de manoeuvre la France va-t-elle accorder à sa lointaine « collectivité d’outre-mer« ?

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Diana en compagnie de Hinano et de ses enfants près de notre pension, à Vitaria, le mercredi 24 mai.

Cela a été une magnifique expérience de découvrir les îles Australes!

Seul regret, notre voyage s’est terminé beaucoup trop vite!

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Vol Rurutu-Papeete le lundi 29 mai

Nous avons eu la chance de visiter, jusqu’à présent, douze îles dans quatre des cinq archipels de la Polynésie française.

Nous reviendrons, bien sûr. Le cinquième archipel – les îles Gambier – nous attend!

4 mai 2023 Raivavae

Sur une plage de Raivavae, le jeudi 4 mai.

Nous sommes de retour à Punaauia, au bord de la plage.

Papeete est à vingt minutes de route, au nord.

Notre vol (direct) pour Seattle part ce soir. Nous serons à Vancouver mercredi après-midi.

« Nana » (Au revoir)!

Raivavae

Raivavae est sans aucun doute l’île la plus sauvage que nous avons visitée jusqu’à présent en Polynésie française.

L’une des plus belles et captivantes aussi.

Halte sur une petite plage lors de notre première randonnée en vélo, le jeudi 4 mai, sur l’île de Raivavae, dans l’archipel des Australes, en Polynésie française

Joanne

Un peu plus tôt le même jour, alors que je me promène devant notre bungalow, Joanne, ci-dessus, traverse la route avec un grand sourire pour me souhaiter la bienvenue à Raivavae! Elle va chercher son pain. Née aux îles Tuamotu, Joanne est arrivée avec sa famille à Raivavae à 17 ans. Elle n’est jamais repartie.

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Raivavae, soulignée en vert, première étape de notre voyage dans l’archipel des Australes. Nous visiterons ensuite, à l’ouest, Tubuai puis Rurutu.

Une route presqu’entièrement goudronnée et plate d’environ 20 kms fait le tour de Raivavae. L’île est située au coeur d’un magnifique lagon encerclé d’une série de motus (atolls). Il y a quatre villages à Raivavae: Vaiuru, Rairua (le plus important), Mahanatoa et Anatonu (souligné en bleu) où est située notre pension.

5 mai 2023 5 Flores Nui

Lors de nos promenades en vélo, nous allons comme d’habitude à la rencontre des riverains, aussi heureux que nous ici de faire connaissance! Longue conversation le vendredi 5 mai avec Nui Flores qui travaille dans son champ de taro (un turbercule) près du village de Mahanatoa.

5 mainew 2023 2 5 Flores Nui

Nui Flores nous parle de sa plantation, de sa famille, qui vit à Raivavae depuis plusieurs générations. Nui Flores revendique fièrement ses racines espagnoles et portugaises. Le maire de Raivavae, Bruno Flores, réélu en 2020, appartient à une autre branche de la même famille Flores.

Environ 900 habitants vivent ici paisiblement de la pêche, de l’agriculture, du tourisme.

Tout le monde se connaît. Et se retrouve régulièrement lors des événements et des fêtes qui ponctuent la vie des quatre petites communes de l’île.

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Participants à la grande fête du  au village de Vaiuru, le dimanche 7 mai. Le est une importante célébration qui réunit chaque dimanche, pendant tout le mois de mai…

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la communauté protestante de Raivavae et celle de chacune des îles de l’archipel des Australes. Voir détails plus bas.

Malgré la construction en 2002 d’un aéroport qui permet de rejoindre Papeete en deux heures, une poignée de visiteurs seulement s’aventure chaque année jusqu’ici.

Diana devant notre bungalow, situé au bord du lagon

11 mai 2023

à la pointe nord-est de l’île

La météo est capricieuse à Raivavae. La nature, parfois hostile. Il pleut souvent. Comme dans les autres îles de l’archipel.

Nous avons donc eu droit pendant notre séjour à plusieurs averses abondantes et à de très fortes rafales de vent. Nous avons même pendant deux jours été privés d’internet, pour cause de forte houle.

Heureusement, ces intempéries ont été suivies de plusieurs longues et belles éclaircies. Nous avons eu des journées splendides!

9 mai 2023 vélo

Un riverain rentre tranquillement chez lui, au sud de Rairua le mardi 9 mai

Sur la paisible route de ceinture, à quelques centaines de mètres de notre pension, rencontre avec…

Poema, née à Raivavae. Son nom en tahitien signifie « la perle propre« . Poema tient dans les mains des bouteilles remplies de petits coquillages. Elle part ce matin-là fabriquer chez elle des colliers et des bracelets.

Raivavae compte six pensions de famille disposant chacune de chambres ou de bungalows. Les logements sont très rarement tous occupés en même temps. En fait, à part les deux sympathiques couples (de St-Malo et de Paris) hébergés à notre pension, nous n’avons pratiquement vu ici aucun autre touriste.

6 Mai 2023 1

Nous rencontrons tôt un matin, au sud d’Anatonu, Bernard qui revient de sa pêche quotidienne aux algues. Ces algues, « le caviar vert » des Australes, seront lavées, séchées puis vendues un peu plus tard dans les commerces et pensions de Raivavae…

Bernard, ci-dessus, revenant de sa pêche, travaille aussi à la Mairie de Raivavae… et son épouse…

Rofina, vend devant leur domicile des concombres géants, des papayes, des pamplemousses récoltés dans leur jardin. Rofina tient aussi dans les mains les algues ramenées par son mari. Merveilleuse polyvalence des Polynésiens!

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Paysage typique du littoral de la côte nord de Raivavae, entre Anatonu et Raiuru. Un petit paradis.

Il n’y a pas d’hôtel à Raivavae. Les résidents (comme à Maupiti) n’en veulent pas. L’île a un restaurant, souvent fermé. Aucune banque (seulement un DAB à la poste). Pas de transport collectif. Ni de location de voiture. Très peu de circulation automobile.

La meilleure façon de se déplacer à Raivavae est le vélo. En version électrique, souvent, pour les résidents.

Grande randonnée autour de l’île, le samedi 6 mai. Tout en pédalant, conversations amicales avec les habitants. Ci-dessus, sur la droite, Ismaël et son épouse Tania en discussion avec Diana…

Nous nous dirigeons ce jour-là vers la redoutable route transversale, abrupte, qui relie les communes de Mahanatoa et Vaiuru. Randonnée épique!

Trois ou quatre petits « magasins » vendent aux riverains quelques produits de première nécessité, le pain, l’huile, le riz, des pâtes, des soupes chinoises, en paquets. Une bouteille de vin très ordinaire coûte 2000 CFP Francs Pacifique (17 euros ou Can$25).

La plupart des habitants cultivent chez eux un petit potager où poussent des légumes (pommes de terre, salades, taro, tomates) et des arbres fruitiers (papayes, citrons, oranges)

Comme dans les autres petites îles en Polynésie, on se débrouille ici pour les services comme on peut. On fait appel à un voisin pour la plomberie ou pour régler un problème d‘électricité. On vend sur le bord de la route les produits de son jardin.

La communauté – à 90% protestante – est très soudée. Il n’y a ici aucun sans-abri ou de banque alimentaire, comme à Tahiti. Les gens s’entraident, partagent, échangent.

Nouvelle conversation un matin avec Marie qui propose devant son jardin des bottes de chou chinois (bok choi). On les appelle ici « pota ».

Marie nous parle elle aussi longuement de ses origines. Son père, français, était légionnaire. Sa mère vient de Tahiti. Sur la gauche, on aperçoit une partie de l’édifice qui était autrefois l’école primaire.

9 mai 2023 2 Yves

Le chou chinois, préparé à la pension, était excellent et nous retournons chez Marie quelques jours plus tard. Cette fois, c’est son mari Yves qui va dans le jardin déterrer pour nous…

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… deux nouvelles bottes de chou. Impossible de manger plus local et plus frais!

Petit-déjeuner à notre pension autour d’Eléonore (robe rouge, à gauche) et son mari Denny, debout à ses côtés.

Comme souvent en Polynésie française, un des moments que j’apprécie le plus est le rituel des repas pris en commun le soir avec notre famille d’accueil. Les oreilles grandes ouvertes, nous écoutons attentivement les informations que partagent nos hôtes sur l’histoire de leurs îles.

Un soir, autour de la table du souper, Eléonore, la propriétaire de notre pension, n’hésite pas à résumer la façon dont la vie quotidienne a radicalement changé à Raivavae où elle est née, il y a plus de soixante ans.

« Raivavae autrefois produisait du café », nous dit-elle. Mais les plantations ont peu à peu disparu dans les années soixante lorsque les hommes de l’île sont partis travailler à Papeete et ailleurs afin de construire les nombreuses infrastructures du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) – l’organisme responsable de gérer les essais nucléaires français en Polynésie française entre 1966 et 1996.

Presque du jour au lendemain, précise Eléonore, les petites communes dans les Australes, dans les Tuamotu, dans les Îles Sous-le-Vent, se sont vidées. Les hommes sont partis, en masse, attirés par les paillettes de la ville (Papeete), l’argent facile, les tentations et les salaires alléchants offerts dans les chantiers du CEP.

Cet exode a eu un effet domino dévastateur dans ces petites îles. Les hommes étaient dans ces communautés les pêcheurs, ceux qui ramenaient tous les jours à la maison du poisson pour nourrir leurs familles. Ils cultivaient aussi les champs, entretenaient les plantations, de café notamment. Laissés maintenant à l’abandon.

Une fois les hommes partis, les sources d’alimentation dans les îles ont été bouleversées. Au milieu des années soixante, les boites de conserve venues de Tahiti ont progressivement remplacé le poisson frais. Le Nescafé est arrivé. Les grandes bouteilles de boissons gazeuses aussi. Ces produits nocifs importés de la métropole ont envahi le marché. Les traditions alimentaires des Polynésiens ont été profondément modifiées.

On apprend aujourd’hui en lisant la presse que le Coca-Cola produit en Polynésie est le plus sucré du monde. Et que le taux de sucre dans ces sodas augmente chaque année. Impunément. C’est inexcusable. Comment un gouvernement peut-il laisser des entreprises traiter ainsi les citoyens?

Les taux d’obésité et de diabète sont très élevés en Polynésie française. 70% de la population adulte est en surpoids dont 40% au stade d’obésité.

Eléonore conclut cette leçon d’histoire par une une note plutôt optimiste. Elle nous apprend que le gouvernement nouvellement élu le 30 avril, gouvernement indépendantiste, a dans son programme un vaste projet visant à encourager et à subventionner sur le territoire la reprise de pratiques agricoles traditionnelles. Quelle excellente idée!

Tous nos vœux de succès aux nouveaux élus et aux communes qui adhèreront à ce projet!

9 mai 2023 Nui

Nous avons revu quelques jours plus tard Nui Flores dans son champ de taro, la boue jusqu’aux genoux. Son compagnon de travail, Samuel, est à ses côtés. Nous leur avons communiqué les informations partagées par Eléonore. Nous les avons aussi encouragés à prendre contact avec la Mairie de Raivavae. En espérant de tout coeur qu’ils puissent tous les deux bénéficier des subventions de ces nouveaux programmes.

Grande effervescence le samedi 6 mai dans les communes de Raivavae! On célèbre le lendemain la grande fête du Mè!

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Un groupe de riverains ci-dessus, nettoie le terrain de l’église protestante située juste derrière notre pension, à Anatonu.

De l’autre côté de l’île, dans le village de Vaiuru où doit avoir lieu cette première célébration du , Guillaume, ci-dessous, à droite, accompagné des membres de la communauté, s’affaire. Il n’y a pas une minute à perdre! Plus de 200 convives sont attendus  le lendemain pour le déjeuner dans la salle paroissiale de Vaiuru.

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Guillaume en pleine préparation. Au menu: poulet et cochon cuits au four et, sur la table à gauche, du poisson enveloppé dans une feuille de « auti ».

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En compagnie de Guillaume, pêcheur et agriculteur, né à Raivavae, père de trois enfants. Il nous invite gentiment à assister au le lendemain. Nous acceptons avec plaisir!

Dimanche, 7 mai. C’est le grand jour!

Des quatre coins de l’île, hommes, femmes et enfants se pressent devant l’église protestante de Vaiuru.

Les participants, grands sourires aux lèvres, descendent du bus…

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… scolaire de la commune

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Tout le monde est sur…

… son trente-et-un!

A l’intérieur de la salle, des chants, des cantiques, de la musique, une ambiance extraordinaire!

Les musiciens (Guillaume est à gauche) sont vêtus du costume

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de leur paroisse

Les femmes portent sur la tête des couronnes de fleurs et de feuilles cueillies le matin même dans leurs jardins.

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C’est la tradition!

Un des objectifs principaux du est de recueillir des membres de la paroisse des fonds pour l’église protestante de la Polynésie française.

Ces fonds serviront en partie à subventionner le coût des voyages des pasteurs et des missionnaires en Polynésie et ailleurs dans le monde.

Chacune des quatre communes de l’île organisera, dans sa paroisse, pendant le mois de mai, son propre Mè. Il y aura donc à Raivavae cette année quatre – les 7, 14, 21 et 28 mai – événements auxquels participent les membres de la communauté protestante, s’ils le désirent.

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Des dignitaires de la commune de Vaiuru officient et gèrent solennellement l’événement.

Je me suis renseigné. Pour la seule île de Raivavae, les fêtes du rapportent chaque année à l’église protestante de la Polynésie française plus de 5 millions de francs CFP, l’équivalent de 50 000 euros ou CAN $73 000.

Sur la côte sud de Raivavae… Après avoir été plongées dans l’eau du lagon, les régimes de bananes mûrissent au soleil, en hauteur, à l’abri des rongeurs…

Terei devant sa maison accompagnée de ses enfants qui rentrent de l’école primaire

Nous avons passé ici l’un de nos plus beaux et authentiques séjours en Polynésie française!

Notre vol de 40 minutes pour Tubuai – notre deuxième étape aux Australes – part vendredi après-midi.

Cela a été un vrai bonheur de retrouver à Raivavae l’accueil chaleureux et le sourire des Polynésiens.

L’aventure continue à Tubai puis à Rurutu.

On vous embrasse.

Ultime balade en vélo autour de Raivavae, le jeudi 11 mai. L’île est un bijou.

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Nous rentrons à la maison, notre pension est située juste en face de l’église, côté mer.

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Nous avons le temps juste avant notre départ le vendredi 12 mai d’assister à Anatonu

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à la préparation du repas du qui aura lieu dimanche (le 14) dans la commune

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Pièce maîtresse du menu: « le cochon« , comme on l’appelle qui est ici pesé avant d’être dépecé quelques minutes plus tard.

Les îles Australes

statueLa statue du dieu A’a de l’île de Rurutu, exposée au Musée de Tahiti, le 28 février 2023. VAIKEHU SHAN HANS LUCAS VIA AFP

La statue du dieu A’a de l’île Rurutu, exposée ce printemps au Musée de Tahiti, à Punaauia, près de Papeete. Voir l’article publié dans « Le Monde », édition du 12 mars 2023. Photo Vaikehu Shan/Hans Lucas.

Un peu moins de quatre mois après notre retour de la Polynésie française, nous repartons dans quelques jours pour cette région du bout du monde. Cap sur les îles Australes cette fois. Un séjour d’un mois. Dans trois des sept îles de l’archipel le plus méridional du territoire, situé (pour l’île la plus proche, Rurutu) à plus de 500 kms au sud de Tahiti.

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Les archipels de la Polynésie française. Soulignées en jaune, au sud, dans les Australes, les trois petites îles où nous ferons escale, au mois de mai. Rurutu, Tubuai et Raivavae. Soulignées en vert, au nord, nos étapes précédentes en Polynésie (novembre 2022 – janvier 2023) dans l’archipel de la Société, aux îles Tuamotu et aux Marquises.

Un séjour que nous avons commencé à préparer peu de temps après notre retour, à la mi-janvier. Tant nous étions impatients de retrouver la Polynésie. Et curieux d’aller découvrir des îles encore plus lointaines, dans un archipel peu connu et peu visité.

Nous gardons pour ce second séjour la formule que nous avons tant appréciée lors de notre premier voyage. Nous logerons dans chacune des trois îles dans des petites pensions de famille, simples, modestes, en demi-pension.

Nous n’avions de toutes façons, pour les hébergements, pas beaucoup d’autres choix. Les hôtels dans les Australes sont pratiquement inexistants. Les touristes sont rares, sauf pendant la saison d’observation des baleines, au large de Rurutu, entre juillet et septembre. L’archipel accueille environ 2000 visiteurs par an. Ce qui représente moins d’un pourcent du nombre annuel de touristes sur l’ensemble du territoire. Une goutte d’eau – et une statistique qui nous convient parfaitement.

Notre objectif à Raivavae, Tubuai et Rurutu est le même que celui de notre périple précédent. Essayer de vivre dans ces îles le plus près possible des habitants. Loin des paquebots. Des croisières. À l’abri du tumulte et de la cohue des voyages organisés.

Nous souhaitons simplement – comme à Maupiti ou Tikehau – observer et partager dans ces îles reculées la vie quotidienne des riverains.

Nous ne savons pas ce qui nous attend ni ce que nous allons trouver là-bas. Qui allons-nous rencontrer sur notre chemin? Quelles découvertes allons-nous faire?

Nous savons seulement que sommes infiniment reconnaissants de pouvoir repartir une deuxième fois, en quelques mois, pour ces îles singulières et si attachantes du Pacifique Sud.

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Les sept îles qui composent l’archipel des îles Australes en Polynésie française. Seules cinq des sept îles sont habitées. (Maria et Marotiri sont désertes). L’archipel compte environ 7000 habitants.

L’histoire des îles Australes diffère sensiblement de celle des autres archipels de la Polynésie française. Les Australes ont été les dernières à être peuplées, entre le 11è et le 14è siècle, lors des migrations polynésiennes, par des habitants venus, semble-t-il, selon les historiens, de Tahiti.

Elles ont aussi été les dernières à être « découvertes » par les navigateurs européens.

L’île de Rimatara, par exemple, à l’ouest de l’archipel, n’a été « révélée » au reste du monde qu’en 1811. Et l’île Maria sera « reconnue » pour la première fois en 1824.

En d’autres mots, en terme de chronologie et d’histoire d’exploration maritime, ces petites îles ont été « découvertes », par les non-Polynésiens… tout récemment!

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Raivavae sera notre première halte dans l’archipel des Australes. L’île est entourée d’un lagon ceinturé par une barrière de corail comprenant vingt-huit motus (îlots). Une route d’environ 20 kms fait le tour de l’île.

Voici donc notre itinéraire pour les prochaines semaines:

29 – 30 avril = Vancouver – Seattle – Papeete 

30 avril – 3 mai = Punaauia (commune résidentielle située au sud de Papeete)

3 – 12 mai = Raivavae – 16 km² (905 habitants)

12 – 22 mai = Tubuai – 45 km² (2050 habitants)

22 – 29 mai = Rurutu – 36 km² (2325 habitants)

29 – 30 mai = Punaauia

30 – 31 mai = Papeete – Seattle – Vancouver

Parenthèse politique – Nous arrivons à Papeete le dimanche 30 avril, le jour du deuxième tour des élections territoriales en Polynésie française. À la surprise générale, le parti indépendantiste, Tavini Huira’atira, dirigé par Oscar Temaru, est arrivé en tête (34.9% des voix) au premier tour, le 16 avril, et est donné gagnant au second tour – malgré l’alliance, cette semaine, des partis autonomistes.

Les indépendantistes reprendront-ils le pouvoir en Polynésie française, le 30 avril? Leur mandat à l’Assemblée territoriale (57 sièges) sera de cinq ans. S’ils remportent une majorité, comment réagira Paris? À suivre.

Notes de lecture:

Loïc Josse, Polynésie – (Bruxelles, 2022)

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L’un des meilleurs guides pour préparer intelligemment un voyage en Polynésie française. Pas de consignes ici sur les hôtels ou sur les lieux de restauration mais un texte court (92 pages), superbement écrit, truffé d’informations sur le pays, son histoire, sa culture et les nombreux défis auxquels fait face aujourd’hui le « fenua ». En quelques mots, sur des sujets très variés, l’essentiel est dit. 

La deuxième partie de l’ouvrage propose trois entretiens, brûlants d’actualité, menés au printemps 2021. Trois voix, très différentes, s’expriment. Celle d’un anthropologue connu, Bruno Saura. Celle d’un politicien indépendantiste, Moetai Brotherson. Et celle d’une jeune femme tahitienne, Hinatea Boosie. Conversations riches et fertiles. Regards croisés sur l’identité et la complexité du pays. Un petit livre à mon avis essentiel pour bien/mieux comprendre la Polynésie et ses multiples enjeux aujourd’hui.  

24 mars 2023 Gabriola island Ground Up Restaurant

Pois chiches au curry accompagnés de pakoras, de riz brun et de chutney à la mangue, restaurant Ground Up, 560 North Road, Île Gabriola, le vendredi 24 mars.

27 mars 2023

Splendide retour en traversier et en vélo de l’île Gabriola, le lundi 27 mars. Depuis la gare maritime de Horseshoe Bay (West Vancouver), 27 kms en bicyclette pour rejoindre le parc Stanley et Vancouver, via le pont Lions Gate (d’où la photo a été prise). À l’arrière-plan, la municipalité de West Vancouver. Le bonheur de vivre au bord du Pacifique!

Michael Audain, One Man in his Time – (Madeira Park, B.C, 2021)

m1audainUne autobiographie remarquable. La métamorphose fascinante d’un militant d’extrême-gauche devenu au fil des ans un riche hommes d’affaires et l’un des personnages les plus en vue de la Colombie-Britannique, généreux bienfaiteur dans le domaine des arts visuels. Michael Audain fait fortune dans les années 80 comme promoteur dans le lucratif marché immobilier de la grande région de Vancouver. Président de la compagnie Polygon Homes Ltd, son entreprise a construit (jusqu’à Seattle) plus de 30 000 logements. Éclatante réussite financière. Quelle surprise de découvrir dans cette étonnante autobiographie une orientation et un parcours de jeunesse bien différents. Engagé à gauche, le jeune Michael obtient à UBC un diplôme en travail social. Il travaille dans les quartiers défavorisés de Vancouver et songe à rejoindre (via le Panama) Fidel Castro à Cuba. Il participe en 1961, auprès de Tommy Douglas, au congrès inaugural du NPD (parti de centre-gauche). Au même moment, il milite aux USA pour la cause des Noirs. Et devient, dans un bus entre Memphis et la Nouvelle-Orléans, un freedom rider. Il est arrêté à Jackson, au Mississipi. Il refuse, au poste de police, de renier ses convictions et est incarcéré pendant quatre mois dans un pénitencier. Pages saisissantes. En Mai 68, on le retrouve à Paris, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit. Une jeunesse trépidante, exemplaire. Après l’élection en Colombie-Britannique, en 1972, du NPD, dirigé par Dave Barrett (ex-travailleur social lui aussi), sa vie bascule. Ses priorités aussi. Le nouveau gouvernement le nomme conseiller auprès du Ministère du Logement. Il élabore et participe à la construction de milliers de logements sociaux dans la province. Michael Audain plie ensuite bagages. Il part à son compte et démarre sa propre compagnie, Polygon. Un récit palpitant, plein de rebondissements. Une vie, bien remplie, qui ressemble à un roman d’aventures.   

1er avril 2023 John 316

Poulet au curry et porc braisé, cuisine malaisienne, restaurant John 3:16, 1063 West Broadway, Vancouver, le samedi 1er avril.

Un dernier mot, avant le départ.

Après plus de dix ans de pourparlers et de réunions avec la Ville…

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Les travaux de réaménagement de notre rue, dans le quartier Mount Pleasant, ont commencé ce printemps. Sur un tronçon de quatre pâtés de maisons, notre rue va être transformée en piste cyclable et voie verte. Plutôt que ruisseler sur l’asphalte et se retrouver dans les égouts, l’eau de pluie sera en grande partie récupérée et réutilisée…

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afin d’irriguer le long de la rue de nouveaux espaces verts, des zones humides et des jardins aménagés par la Ville. Le projet vise aussi à réduire (et à éliminer sur deux tronçons) la place de la voiture dans un quartier qui tend à se densifier. Notre petit groupe d’activistes, fondé en 2010, à l’origine du projet, est aux anges! Nous avons même, l’an dernier, gagné un prix! Voir (Greenest City): 2022 Awards of Excellence, City of Vancouver 

Bon printemps à tous!